Chaque année, en début d’été, les premiers moustiques adultes qui émergent des milieux humides attaquent. C’est le calvaire de la saison auquel s’expose la population urbaine et même rurale, là où évoluent les moustiques champêtres et de montagne. Et qu’il faille alors que la collectivité publique de la ville fasse organiser la lutte contre ces insectes nuisibles et vecteurs de maladies.
Le problème est de taille nécessitant tout d’abord une connaissance approfondie de la biologie des différentes sortes de moustiques qui volent au-dessus de nos têtes.
Les phénotypes les plus répandus dans les milieux urbains sont de type “Culex“ et de type “Aédès“ ; le troisième de type “Tigre“ est le moins répandu dans les périmètres communaux.
Processus d’évolution des moustiques…
Les moustiques vecteurs de maladies accomplissent leur cycle de développement dans le milieu hydrique. Mais cela ne les empêchent pas de respirer car la structure allongée de leur abdomen, qui se termine par un siphon, leur permet de respirer. Et c’est en raison de cela qu’on aperçoit dans le milieu aquatique des larves à la surface de l’eau avec l’abdomen et le siphon orientés vers le haut pour pomper de l’oxygène.
Cette vie en aérobie permet aux insectes d’évoluer du stade larvaire vers le stade adulte en passant par des étapes successives de développement à partir du stade 1 vers les stades 2, 3 et 4 au terme duquel ils quittent l’eau et prennent leur envol dans l’atmosphère.
Pour endiguer l’émergence des moustiques adultes, l’épandage des insecticides dans le milieu de vie doit se faire entre les stades de développement 1 et 3. Au stade 4, l’effet létal des composés organophosphorés et organochlorés serait inactif, et l’insecte migre vers les périmètres urbains et extra urbains.
Gare à l’épandage d’insecticides
Les mares desséchées réduisent la densité en moustiques mais l’assainissement a modifié l’espace de vie de nombreux animaux. Les premiers à en pâtir sont les oiseaux migrateurs qui n’y trouvent plus de nutriments ni de lieux de nidification et de ponte.
L’épandage d’insecticides, qui avait eu lieu par voie aérienne sur le Grand Tunis avait décimé les abeilles et les petits mammifères. La lutte anti-larvaire doit, au vu des dommages causés, prendre en compte la nature du milieu de reproduction et l’espèce de moustiques à éradiquer.
Les personnes les plus exposées aux piqûres de moustiques
Ainsi, la lutte contre les anophèles ne pourrait être conduite que dans des milieux bien déterminés. En mauvaise saison, les moustiques passent l’hiver à l’état de vie ralentie, ensommeillée. A l’apparition des premiers rayons de soleil printanier, ils volent vers les eaux calmes et effectuent leur ponte. Et le cycle de vie redémarre par la ponte, l’éclosion et la production de larves.
Des études entomologiques ont montré que ces insectes piquent en premier lieu les personnes qui dégagent plus de Dioxyde de carbone (CO2), au cours de la respiration et de la transpiration. Ces insectes sont capables de détecter, par tropisme, les rejets gazeux, à une distance de 50 mètres.
Les limites de l’entomologie…
Mais l’entomologie, qui est la science des moustiques, se heurte d’autre part à la résistance génétique de certains insectes aux traitements phytosanitaires. Cette mutation, qui apparaît chez les espèces les plus nocives, est un inconvénient majeur dans la lutte contre leurs montées, croissantes.
Les culicidés mâles et femelles sont nectarivores, c’est-à-dire s’alimentant de nectar de fruits ; leur durée de vie est d’environ de 7 jours.
Il existe d’autre part une autre variété de moustiques plutôt désagréables qu’inoffensifs, “les chironomes“, et qui sont dépourvus de pattes et d’yeux. Il en existe 500 espèces, proliférant massivement au cours des épisodes caniculaires.
Coopération entre la Mairie de Tunis et Montpellier…
La lutte anti-vectorielle est problématique en ce qu’elle demeure, parfois, contraignante quant au résultat attendu, ce qui obligea la Municipalité de Tunis d’établir une coopération technique dans le domaine avec le département de la démoustication du littoral méditerranéen de Montpellier, un organisme opérateur environnemental, habilité dans le contrôle des nuisances écologiques résultant des zones humides.
En 1990, au cours des opérations de démoustication par la mairie, un obstacle d’ordre technique avait empêché l’éradication des insectes dans le lac Séjoumi. Il avait donc fallu en appeler au département de Montpellier pour dépêcher un entomologiste habilité à intervenir dans les milieux lagunaires profonds, car le lac Séjoumi s’étend sur un périmètre de quatre hectares d’eaux stagnantes.
Elucidée, la contrainte dévoilait un amas de boue visqueux au fond du lac, hébergeant des milliers de larves qui, en enfonçant leur siphon respiratoire dans la masse gluante, échappèrent au traitement d’élimination.
Il avait donc fallu assainir le lac, le traiter à nouveau pour éviter de nouvelles invasions de moustiques.
Quid des moustiques tigres ?
Les espèces dominantes, de type Aédès, sont appelées moustiques Tigres, particulièrement dangereux car de profil convexe, ils transmettent facilement une infection virale, le “chikungunya“, invalidante et dont le contractant marcherait le dos courbé vers l’avant.
La technique des rayons gamma et X
Rebelles à la quasi-totalité des traitements, les moustiques ont fait orienter les recherches vers la technique de l’insecte stérile. La procédure consiste à irradier aux rayons gamma et aux rayons X les moustiques à stériliser de manière à les empêcher de se reproduire.
L’avantage de la procédure, c’est la réduction numérique des insectes, l’éradication et la prévention. Nuisance urbaine saisonnière, quasi incontrôlable, les moustiques reviennent chaque année, dans nos foyers.
Rejeb DHAOUI