La politique sanitaire de la Tunisie est déroutante, parce que plus dictée par des contraintes politiques que sanitaires.
En effet, nos autorités sanitaires ont pris la décision d’imposer, à chaque voyageur entrant en Tunisie, un protocole strict. Avec une obligation de 3 choses : un test PCR négatif de moins de 72 heures, un confinement obligatoire de 7 jours dans un hôtel et un test PCR négatif à la fin du confinement.
Et toutes ces étapes sont à la charge du voyageur, pour un budget d’environ 3 000 dinars. A noter que les personnes qui continuent à voyager actuellement ne le font pas pour des raisons touristiques, mais surtout pour des raisons professionnelles.
Double punition pour les entreprises
Ces ingénieurs, cadres, consultants, chefs d’entreprise -qui se déplacent dans un cadre strictement professionnel et particulièrement en Afrique et pour ramener à la Tunisie des devises et pour honorer des contrats de services et de prestations- sont punis et doivent faire face au coût du voyage (dont les prix ont doublé voire triplé). Mais aussi au gonflement de leurs frais de mission pour leurs entreprises, par un congé forcé avec un confinement obligatoire d’une semaine et un coût supplémentaire pour chaque mission de 3 000 dinars et par personne.
Il faut surtout savoir que plusieurs entreprises privées tunisiennes dans le secteur des services, du digital, de l’engineering… continuent à travailler et à exporter en Afrique et subissent le diktat de notre administration, ce qui plombe leurs prix de revient et ronge leurs marges.
On pourrait comprendre si cette politique était la même pour tous les voyageurs venant de tous les pays, mais malheureusement ce n’est pas le cas.
Libyens exempté et faux tests PCR…
En effet, les voyageurs venant de la Libye sont exemptés du confinement. Or, rien qu’à l’aéroport de Tunis-Carthage, ce sont 5 vols qui sont programmés quotidiennement, avec un total moyen de 500 voyageurs par jour.
Avec des PCR douteux, venant d’un pays en pleine déconfiture et un pouvoir central faible et un système de santé limité, plusieurs voyageurs affirment qu’il est très facile de se faire délivrer un faux certificat de test PCR négatif en Libye.
Certains Tunisiens venant de la Libye et voulant se faire soigner de la Covid-19 se sont fait délivrer de faux certificats pour pouvoir rentrer en Tunisie.
Tests PCR: l’Afrique plus rigoureuse
Alors, pour ceux qui l’ignorent la majorité des pays africains ne délivrent que des certificats de tests Covid-19 établis par un laboratoire national central. Et que chaque certificat est délivré non seulement au voyageur, mais remis par voie électronique à l’administration de l’aéroport, pour s’assurer que le certificat est original.
Le traçage des tests Covid-19 en Afrique est plus rigoureux qu’en Tunisie et n’en parlons pas d’un pays comme la Libye.
Politique ?
Donc, expliquez-nous pourquoi la Libye est le seul pays dans le monde dont les voyageurs sont exceptés de confinement à leur rentrée en Tunisie ?
Pour moi, la seule explication est politique : c’est pour empêcher que la Libye nous impose la réciprocité et pour faire plaisir à certains politiciens.
Un seul grief à l’encontre de nos responsables et à la direction de l’UTICA, laquelle ne défend pas ses adhérents comme le fait l’UGTT et son secrétaire général Taboubi qui n’hésite à aucun moment pour montrer au créneau dès qu’il s’agit de défendre ses affiliés.
Il suffit de voir sa dernière démonstration devant le siège de Tunisair. Résultat : il a été reçu le soir même à la présidence du gouvernement, avec la signature d’un PV et des résolutions pratiques au profit des employés de Tunisair.
Outre une classe politique qui navigue à vue, un Comité scientifique de santé à côté de la plaque, l’UTICA, faible, ne fait pas entendre la voix, ce qui pénalise les entreprises.
Enfin, je vous donne une astuce pour échapper au confinement injustifié et coûteux : il suffit de dérouter vos voyages par Tripoli en revenant en Tunisie.
Pauvre Tunisie !
Maarouf