Le président de la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA), Nouri Lajmi, a appelé le gouvernement à hâter le dépôt du projet de loi organique relatif à la liberté des médias audiovisuels pour “barrer la route aux tentatives suspectes visant à porter préjudice aux médias et éviter tout retour en arrière de ce secteur sous des nouvelles formes d’hégémonie”.
Lors d’une conférence de presse tenue mercredi à Tunis, Lajmi a exhorté toutes les structures syndicales et professionnelles à faire pression pour l’adoption de ladite loi et à faire face aux initiatives suspectes, notamment celle de la coalition “al-Karama”.
Le président de la HAICA estime que l’initiative présentée le 4 mai dernier par la coalition “al-Karama” “est incompatible avec les principes de la Constitution et tend à approfondir la crise dans la perspective de torpiller aussi bien l’expérience de régulation des médias audiovisuels que l’expérience de la transition démocratique, dans laquelle les médias jouent un rôle essentiel en tant qu’espace de débat public et d’alternance pacifique au pouvoir.
Lajmi a précisé que la concomitance entre la présentation de l’initiative visant à amender les deux articles concernant la composition de la HAICA et des conditions d’octroi de licence d’exploitation et d’autre part les engagements des autorités publiques à appliquer la loi contre les chaînes qui ne respectent pas les décisions de la HAICA, démontrent bien que le but de cette initiative est de servir les intérêts étriqués de certains partis.
“Cette initiative qui se contente uniquement d’amender le deux articles du décret-loi 116 ne fait que poursuivre la violation des dispositions de la Constitution de 2014, qui mentionne l’impératif d’élaborer des lois organiques en remplacement des décrets-lois et de parachever la mise en place des institutions qui garantissent la primauté de la loi, notamment la Cour constitutionnelle et les instances constitutionnelles indépendantes”, a-t-il expliqué.
Il a, également, fait observer que la volonté d’annuler le régime des licences octroyées aux structures de la communication audiovisuelles pour le remplacer avec un régime de déclaration est un choix contraire à tout ce qui a été établi jusque-là comme normes de régulation audiovisuelle dans d’autres expériences démocratiques.
“L’intention de certains partis notamment ” Ennahdha “, ” Qalb Tounes “, ” Al-Karama “, ” Errahma “, qui sont liés d’une manière ou d’une autre avec des chaines TV et radios illégales, est de faire main basse sur le secteur des médias et l’utiliser à des fins partisanes et de faire soumettre la HAICA à la politique du quota partisan et aux lobbies financiers”, a-t-il soutenu.
Selon Nouri Lajmi l’initiative de la coalition al-Karama, qui a été approuvé par le bureau du parlement vise en définitive à offrir une couverture juridique et politique à une situation de violation de la loi et de la constitution et à faire régner l’anarchie en place et lieu de l’organisation et du respect des lois.