Les attaques à répétition contre la vedette internationale de la chanson arabe sur FB sont en passe d’évoluer vers ce qu’on pourrait appeler L’affaire Saber Rebaï. Et si nous étions tous fautifs ?
Par Mohamed Bouamoud
Telle que publiée sur le réseau social Facebook il y a déjà quatre jours, l’information a en effet de quoi surprendre et même blesser plus d’un. L’on aurait sollicité la grande vedette Saber Rebaï d’aider autant que possible son pays par ces temps difficiles marqués par l’invasion du virus Corona, une demande légitime et on ne peut plus justifiée à laquelle M. Rebaï aurait répondu : « Je ne suis pas les Affaires sociales pour aider le peuple ». Que cette info ait été reprise et critiquée avec mordant une bonne dizaine de fois par différentes personnes (aucun partage) est un constat qui nous permet de la prendre au sérieux.
Evidemment, il n’y a pas une seule loi au monde qui oblige quelqu’un, riche ou pas, à aider ses semblables ; dans le mot « aide », il faudrait lire : spontanéité.
En revanche, il y a d’autres lois, non pas coercitives, mais naturelles, innées, et qui en disent beaucoup sur le caractère humain de l’homme : l’humanisme, justement, mais aussi l’amour de la patrie, la vraie citoyenneté, la compassion, l’abnégation et la philanthropie, ce sentiment qui nous pousse à être humains avec les humains.
Par conséquent, on va dire ceci. Si !… On s’excuse de souligner la condition Si ! Eh bien, si vraiment Saber Rebaï avait dit : « Je ne suis pas les Affaires aociales pour aider le peuple », on ne pourrait que rétorquer : notre vedette nationale est dépourvue d’humanisme, n’a aucun sentiment envers la patrie, n’a pas le sens de la citoyenneté, est égoïste et est misanthrope à plus d’un titre !
Ce qui est en train de frapper de plein fouet la Tunisie (et la planète entière) est une tragédie inédite, un malheur dont personne pour le moment ne prévoit l’issue. En clair : l’on ne peut prévoir le nombre de morts d’ici la fin de cette terrible pandémie. Il y a des malades, il y a eu des morts, et l’on ignore combien ils seront demain.
Question à Saber Rebaï: comment, l’été venu, oserais-tu monter sur scène, rire et chanter face à ce public tunisien qui pleurait ses morts durant le printemps et auquel tu as refusé le moindre petit dinar ? Dis-nous comment !
Or, il n’y a pas que Saber Rebaï. Nous avons bien d’autres vedettes assez nanties. Où est-ce qu’elles sont ? Laquelle a aidé tant soit peu ? Elles se cachent, se font oublier, se défilent devant leur devoir humain. Et à l’approche des festivals, elles sortent de leurs tanières, investissent les plateaux de télévision et les radios, deviennent aimables avec leurs publics, et jurent avoir plein d’amour en direction de leur public tunisien.
Car c’est nous les fautifs ! Nous ne savons pas châtier, nous ne savons pas boycotter, nous ne savons pas mettre notre dignité au-devant de toute chose. En un seul mot : nous sommes encore immatures !
Vous allez voir ; quand ce fléau aura disparu (espérons-le), et quand arriveront les festivals d’été, des milliers de personnes iront comme d’habitude à Carthage et Hammamet pour applaudir encore et toujours le très cher Saber Rebaï qui, comme toujours, dira au micro tout son amour pour le peuple tunisien.
M.B.