Une conférence de presse s’est tenue ce jeudi 27 février 2020 au centre des études de l’Islam et de la démocratie qui traite de la relation entre la gauche et la droite en Tunisie : Le vivre-ensemble ou le conflit.
Slehedine Jourchi a présenté la relation entre la droite et la gauche en Tunisie en remontant dans le temps, dans les années 70 alors qu’il était étudiant au campus universitaire de Ras Tabia.
Il se rappelle qu’un groupe d’étudiants qui ont des idées de gauche ont fait irruption dans la mosquée, qui se trouve à l’université, pour dénoncer le comportement de certains étudiants qui faisaient la prière.
Jourchi explique que ce comportement n’était pas typiquement tunisien mais inspiré d’Egypte au temps du régime de Nasser.
S. Jourchi a rappelé aussi le rôle du mouvement du 18 octobre où la gauche (H. Hammami) et la droite (Samir Dilou) se sont réunis pour contrer le régime de Ben Ali. L’ancien ministre, Abdelaziz Ben Dhia, s’était interrogé sur la complexité de cette relation qui n’est pas logique.
Ce mouvement émane d’un pacte et d’une croyance partagée sur la lutte pour les droits de l’Homme et pour garantir les libertés.
Slehedine Jourchi a rappelé le rôle de la Révolution de Janvier 2011 qui devait réunir la gauche et la droite sauf que l’assassinat politique de Chokri Belaïd a marqué un tournant décisif. Entre la gauche et la droite existe un lien de sang.
Jourchi a conclut son intervention par ses tentatives de rapprocher les deux rives mais la tâche s’est avéré compliquée.
Abdelatif Hanachi a rappelé le rôle de la colonisation et la question de la religion qui ne se posait pas. Le parti communiste, qui existait depuis ce temps, n’évoquait pas la religion. Idem pour l’ère de Bourguiba sauf au début des années 80 et ce suite depuis la formation du mouvement islamiste en 1981 aujourd’hui appelé Ennahdha.
Même Rached Ghannouchi affirmait que ce mouvement visait à rappeler les bases de l’Islam oubliées.
Suite à cela, certains politiciens de gauche étaient accusés de faire allégeance à Bourguiba alors que les politiciens de droite étaient traités de régressiste.
Hanachi a tenu à démentir certaines idées reçus sur les partis communistes où il a déclaré que le marxisme n’est pas une religion et que le combat n’est pas entre croyant et mécréant.
Il a tenu à préciser que la question de la laïcité ne se pose pas en Tunisie étant donné que le sens premier de ce mot réside dans la séparation de l’église de la politique.
Ajmi Lourimi, leader au sein du mouvement Ennahdha, s’est focalisé sur l’avenir de la gauche et de la droite en Tunisie.
Il affirme que depuis le début, le mouvement islamiste a tendu la main aux différents partis politiques sauf aux partis qui n’étaient en clin de collaborer.
Il a rappelé le rôle historique de la gauche à aider les islamistes et a mentionné le nom d’un journal de gauche, Attariq Al-Jadid, qui a publié la photo de l’ancien secrétaire général du mouvement Ennahdha, Hamadi Jebali et ce pour dénoncer les multiples arrestations des islamistes en Tunisie.
En ce qui concerne Chokri Belaïd, Lourimi a affirmé que cet homme politique de gauche a lutté durant 25 ans contre les partis de gauche et changé de cap après la révolution pour lutter durant 5 ans contre les islamistes.
En ce qui concerne les hommes politiques de gauche représentés au parlement, Lourimi évoque le nom de Zouhair Maghzaoui qui a défendu le gouvernement actuel, celui de Fakhfakh, un comportement très rare de la part d’un homme de gauche, surement parce qu’il est aujourd’hui au pouvoir explique Lourimi.
Il conclut que travailler avec un gouvernement où Ennahdha est partenaire est plus facile que de collaborer avec Abir Moussi qui représente la droite fasciste.