Tunisie : Kaïs Saïed explique l’esprit de la Constitution à Rached Ghannouchi !

Le président de la République, Kais Saied, a affirmé qu’”on ne peut sortir de la crise de la formation du gouvernement qu’en se référant à la Constitution et non aux interprétations de ceux qui émettent des Fatwas”.

Recevant, lundi 17 février au palais de Carthage, le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi (et également président d’Ennahdha) et le chef du gouvernement d’affaires courantes, Youssef Chahed, le chef de l’Etat a ajouté “malheureusement, les Fatwas émises de temps à autre ne sont ni innocentes ni fondées sur des bases scientifiques”.

“Le peuple m’a élu et m’a confié cette responsabilité”, a lancé Kais Saied dans une vidéo publiée sur la page officielle de la présidence de la République, précisant qu’il s’appuie dans sa mission sur le texte de la Constitution et que face à la situation actuelle il va falloir appliquer l’article 89 de la Constitution.

Un entretien qui intervient sur fond de crise au niveau de la formation du gouvernement. Pour Saied, la Tunisie n’a pas été touchée par pareille crise depuis l’indépendance.

La rencontre de Saied avec Ghannouchi et Chahed intervient aussi au moment où des dirigeants d’Ennahdha ont appelé à l’application de l’article 97 de la Constitution pour éviter l’organisation de nouvelles élections.

Mais décidément ils se sont trompés de personne et de méthode, car cette issue a été “constitutionnellement” rejetée par le président de la République qui a mis en garde lors de l’entretien contre la “gravité d’outrepasser la Constitution par la Constitution”.

Dans ce contexte, Kaïs Saïed souligne que le texte de la Constitution est clair et que l’article 89 doit être appliqué dans la formation du gouvernement.

Que dit l’article 89 de la Constitution tunisienne de 2014? “Si, dans les quatre mois suivant la première désignation, les membres de l’Assemblée des représentants du peuple n’ont pas accordé la confiance au gouvernement, le président de la République peut décider la dissolution du Parlement et l’organisation de nouvelles élections législatives dans un délai d’au moins quarante-cinq jours et ne dépassant pas quatre-vingt-dix jours”.

Au cours de cette rencontre, le chef de l’Etat a écarté le scénario de l’application de l’article 100 de la Constitution dans la mesure, a-t-il expliqué, qu’”il ne s’agit ni de démission ni de décès”.

“Au cas où le gouvernement n’obtient pas la confiance du Parlement, il y a aura recours au peuple”, a-t-il affirmé, appelant toutes les parties à assumer leur responsabilité en cette étape historique et décisive.

Quid de la ruse d’Ennahdha contre Chahed?

Par ailleurs, le président de la République a évoqué le concept de gouvernement d’affaires courantes, selon plusieurs expériences comparées, précisant qu’une fois le nouveau Parlement prend ses fonctions, le gouvernement qui était en place deviendra un gouvernement d’affaires courantes avec des prérogatives bien limitées.

“Les institutions de l’Etat continueront à fonctionner quel que soit le résultat du vote sur le nouveau gouvernement”, a assuré le chef de l’Etat.

Le processus de formation du gouvernement a connu des difficultés depuis la désignation d’Elyès Fakhfakh par le chef de l’Etat d’assurer cette tâche en raison d’un différend entre les partis politiques associés aux concertations sur le futur gouvernement. Le mouvement Ennahdha (54 députés) s’était retiré à la dernière minute des concertations.

On appelle cela expliquer la Constitution à Ghannouchi