L’année 2019 a enregistré huit tentatives de traite de nourrissons, nés hors-mariage, 11 cas de servitude ou de pratiques analogues, entre 775 cas de traite des personnes, dont 348 cas d’exploitation économique d’enfants et 361 cas de travail forcé, selon un rapport de l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes (INLTP) présenté, jeudi à Tunis.
Lors de la célébration, jeudi, de la journée nationale de l’abolition de l’esclavage et la servitude, la présidente INLTP, Raoudha Laabidi a révélé que le nombre de personnes impliquées dans ces crimes a atteint 841 personnes, dont 346 femmes (41.1%), contre 495 hommes, dont 538 Tunisiens (64%) et 303 étrangers, impliqués notamment dans des affaires de travail forcé, avec 296 affaires parmi 473 autres affaires.
Le rôle des femmes a été particulièrement important dans les crimes d’exploitation sexuelle, ayant été impliquées dans 29 affaires sur un total de 45 crimes de ce genre, dans 185 affaires de travail forcé sur un total de 473, ainsi que dans 130 affaires d’exploitation économiques parmi 309 affaires du genre.
Laabidi a indiqué à cet effet que parmi les 1313 crimes relatifs à la traite des personnes, l’affaire “des “enfants du camp de Regueb” représente “l’affaire la plus dangereuse ayant été enregistrée l’année précédente”, soulignant que 200 camps semblables mettant en péril l’avenir des enfants ont été découverts en Tunisie, après la fermeture du camp de Regueb.
Le nombre d’enfants ayant été pris en charge s’est élevé à 31 enfants dont l’âge varie entre 13 et 18 ans, en coordination avec la société civile et les institutions gouvernementales, outre la mise en place d’un plan de prise en charge sociopsychologique, afin de définir les facteurs qui ont contribué à la polarisation de ces enfants, selon le rapport.
Laabidi a dans ce sens loué les efforts déployés par les institutions étatiques dans la prise en charge des victimes, mettant en exergue le rôle des ministères de l’Education et de la Santé, qui a pris en charge 78 victimes. Elle a souligné que les cas de traite des personnes en 2019 ont été caractérisés par une répartition paritaire à trois dimensions.
Les filles et les femmes représentent environ la moitié des victimes de la traite des personnes enregistrés en 2019, révèle le rapport. Elles représentant 57% de la totalité des cas relevés, (748 cas), indique la source.
Environ la moitié des cas de traite des personnes concernent des enfants (612 victimes), ajoute le rapport, tandis que le nombre de victimes étrangères s’est élevé à 631, soit 48.1% de la totalité des cas relevés notamment en matière de travail forcé.
L’exploitation économique, représente plus de 83,6% de la totalité des cas de traite des personnes, dont la moitié concerne le travail forcé, suivie par l’exploitation économique des enfants, que ce soit dans des activités économiques marginales ou dans la mendicité (32,4%), fait savoir le rapport.
Laabidi a noté que les cas de traite des personnes ont atteint 68,3%, les pratiques similaires à l’esclavage 166,7%, le travail forcé 76,2%, l’exploitation économique des enfants (59,8%) et l’exploitation sexuelle (10,8%).
D’autre part, Laabidi a indiqué que l’INLTP lancera à partir du 13 et 14 février 2020 des cours à distance pour aider à lutter contre la traite des personnes, présentant à cette occasion, le guide de procédure à l’intention des agents de la police judiciaire en matière de prévention et de lutte contre la traite des personnes.
De son coté, la maire de Tunis, Souad Abderrahim a souligné que la municipalité de la capitale est ouverte à une coopération avec l’INLTP et prête à la soutenir dans la prise en charge de certaines victimes, soulignant l’importance d’inclure les crimes de trafic d’organes en Tunisie dans les statistiques et les rapports pertinents, au vu du nombre important des plaintes déposées à ce sujet par des associations.
L’historienne Ines Mourad Dali, a pour sa part évoqué la situation “des noirs en Tunisie”, alors que Saadia Mesbah présidente de l’association “Mnamti” a affirmé que la minorité noire en Tunisie dont le nombre varie entre 4000 et 5000 personnes, “souffrent de certaines pratiques racistes qui se manifestent à travers des surnoms péjoratifs faisant référence à leur couleur de peau”.
De son coté, la représentante du Conseil de l’Europe en Tunisie, Imen Khalifa, a évoqué l’engagement de son organisation à soutenir la Tunisie, qui a ratifié la convention de la lutte contre la traite et l’exploitation sexuelle des enfants, qui entrera en vigueur le 1er février prochain.