Des spécialistes de la question libyenne ont estimé que l’accélération des évènements dans ce pays, aura, sans doute, des répercussions sur la Tunisie. Ils ont appelé à poursuivre les efforts politiques sur la base de la neutralité sans se laisser entrainer dans la politique des axes.
Dans des déclarations, vendredi, à la TAP, ils ont insisté sur l’importance pour la Tunisie de rester à équidistance des différentes factions libyennes, préconisant une position unifiée bannissant toute ingérence militaire étrangère.
Le politologue Jemii Guesmi a qualifié de graves les développements en Libye. Selon lui, des changements sont prévisibles sur le terrain et atteindront la ville de Misrata. Ce qui signifie que le danger est imminent et que la Tunisie soit de préparer à cette éventualité au double pan sécuritaire et diplomatique.
L’expert n’a pas caché la crainte de voir la situation en Libye évoluer vers un conflit touchant toute la région méditerranéenne, au regard du nombre croissant des interventions étrangères dans ce dossier.
Il considère que la position turque de ce dossier est de nature à creuser davantage la crise dont les incidences seront, selon lui, considérables sur les pays du voisinage dont particulièrement la Tunisie au niveau économique, social, sécuritaire et militaire.
Et d’ajouter que ces craintes légitimes ont poussé la diplomatie tunisienne à agir à travers les rencontres du président de la République avec plusieurs acteurs libyens dans la perspective de rétablir le rôle naturel de la Tunisie.
La position de la Tunisie, exprimée la veille par le président de la République Kais Saied, est judicieuse. Mais, il faut la soutenir par des actions sur le terrain tout en insistant sur l’impératif de parvenir à une solution pacifique loin de toute intervention étrangère en Libye.
Jemii Guesmi a mis l’accent sur le besoin de coordination avec les pays du voisinage: l’Algérie et l’Egypte, pour relancer l’initiative tripartite de la Tunisie (celle proposée par feu Béji Caïd Essebsi), pour parvenir à une solution réunissant toutes les parties libyennes.
Il a rappelé, dans le même ordre d’idées, que l’initiative de l’ancien président de la République, feu Caïd Essebsi, a permis de franchir d’importants pas et a eu un large écho au niveau arabe et africain.
Kais Saied a affirmé, jeudi, que la Tunisie n’appartiendra à aucune alliance dans le conflit en Libye et refuse, fermement, de s’aligner sur la politique des axes.
De son côté, Rafaa Tabib, expert en géopolitique, a indiqué que l’accélération des évènements en Libye pourrait conduire à deux éventualités :
soit une intervention directe des forces régionales en Libye, soit un nouvel équilibre des forces et une redistribution des cartes.
Selon lui, la conférence de Berlin sera décisive quant à la situation future de la Libye.
Tabib a appelé à la nécessité de garder le dossier libyen loin des tiraillements partisans et à ne pas se laisser entrainer par les divisions en Libye.
D’après lui, le président de la République devrait appeler à un accord entre toutes les parties libyennes et défendre le principe de la non-ingérence, même militaire, en Libye. La Tunisie doit se tenir à égale distance de toutes les parties, a-t-il estimé.
Pour Rafaa Tabib, la Tunisie doit impérativement œuvrer, concrètement, à une solution pacifique à la crise en Libye. Elle doit adopter une position unifiée face à toute intervention étrangère en Libye, a-t-il dit, insistant sur l’impératif d’un cessez-le-feu pour éloigner toute idée d’intervention étrangère.