Cérémonie d’ouverture de la 2ème édition des Journées des Arts de la Marionnette de Carthage dédiée à Samir Besbes

 

16h30 attroupement des enfants accompagnés de leurs parents sur le parvis de la Cité de la Culture pour accueillir dans un tonnerre d’applaudissements la célèbre marionnette de 12 mètres Marwa Al Kayrawania  conçu par le marionnettiste Mohamed Nouir. La tête penchée légèrement en avant comme si elle saluait la foule, vêtue d’un habit traditionnel, elle représente la femme qui a bravé les traditions du mariage de l’époque pour imposé à sa façon l’acte de mariage kairouanais « Assadq Al Kairawani.  Une célébration, mieux un hommage à la femme.

Cette effigie d’Arwa la Kairouanaise qui a provoqué la curiosité et l’admiration de l’assistance est une forme de reconnaissance au combat menée par cette femme au 8ème siècle pour l’abolition de la polygamie et l’émancipation de la femme. Le contrat kairouanais, unique en son genre dans le monde arabo-musulman, constitue la première pierre angulaire qui a institué la monogamie dans le couple et consacré donc le principe du droit de la femme dans les relations conjugales.

Pour célébrer la présence de cette marionnette géante, une troupe de Issawiya de Béni Khiar a chanté des psalmodies de la Hadhra évoquant Allah et Saints patrons de Tunis tels que Belhassen Chedly ou Si Mehres. Munis d’étendards les danseurs ont complété le tableau par danses formulées dans une chorégraphie représentatives des confréries qui consacrent ce genre de musique sacrée.

Après cela, à 17h30, c’est autour des Big Dancers de la troupe El Carromato  venus d’Espagne d’émerveiller enfant et parents avec leur danse stimulante. Sur les refrains d’une musique moderne, six blanches marionnettes géantes tenues par des marionnettistes expérimentés ont pris place au milieu du parvis pour saluer chacune à sa manière le public puis d’entrer dans une sorte de transe frénétique qui traduit la joie et la gaieté. Eclairées de l’intérieur par des lumières multicolores, les marionnettes font une démonstration flamboyante. Puis le spectacle s’est poursuivi dans la grande cour de la Cité de la Culture. Les enfants ravis essayé de touché les marionnettes qui ont continué leur danse.

A 19h00, le public s’est dirigé vers le Théâtre des régions pour assister à la cérémonie officielle qui a débuté avec une performance deux comédiens de l’Institut Supérieur des Arts Dramatiques qui manipulait chacun une marionnette. Cette performance a été suivie de l’hymne national ensuite d’une présentation de la manifestation par Monia Messaâdi, directrice de la 2ème édition de JAMC, Hajer Zahzah, directrice du Centre National des arts de la marionnette et de la comédienne Chakra Rameh qui a indiqué que le programme de ces Journées est riche et diversifié avec 32 spectacles de marionnettes, des projections de films, un hommage au Canada, un autre hommage posthume à Samir Besbes, un colloque et 7 ateliers de marionnettes destinés notamment aux enfants.

Ensuite, place a été faite à la représentation de « Blind » de Duda Paiva des Pays Bas. Deux rangées de spectateurs occupées les deux côtés de la scène. Dans un décor presque neutre composé de cordes dans lesquelles son sont suspendus des lustres en papier, Duda Paiva, ex-danseur contemporain converti à l’art de la marionnette, semble avoir des bosses un peu partout qui lui donne un aspect difforme. Il commence par saluer les spectateurs installés sur la scène. Puis, progressivement, il sort de son vêtement une marionnette en mousse souple et lui donne naissance et vie en la manipulant avec dextérité. La marionnette se met à parler dans un langage incompréhensible fait d’onomatopées et parfois de cris. Il l’ fait habiller en danseuse classique avec un des lustres suspendus et se met à danser. Suivent au fil du spectacle, d’une durée de 60 minutes, la naissance d’autres marionnettes que l’artiste dégage de son vêtement comme pour les libérer.

Dans un style marionnetttique unique, Duda Paiva donne corps et vie à des personnages qu’il fabrique lui-même et auxquels il leu donne un éventail d’expressions. Ses marionnettes hybrides ont l’aspect monstrueux, entre l’humain et l’animal à l’instar de ceux de Harry Potter, et met en scène avec elles un dialogue chorégraphique à l’éloquence théâtrale situé entre la choose e l’humain.

Duda Paiva, lunettes vissées sur les yeux, danse avec ses créatures monstrueuses et démoniaques. Beauté et laideur se fondent dans les chants Yoruba d’origine afro-brésilienne pour transcender les ténèbres et ouvrir la voie à la clairvoyance. L’artiste est maitre à bord. Il décide de donner vie et mort à ses créatures comme dans les fables anciennes des pays du Nord. Un spectacle éblouissant à la fois spirituel et philosophique fortement ovationné par une salle conquise au charme de cette création. Excellent démarrage !