Se dressant comme un voyage initiatique aux tréfonds de l’âme humaine, la pièce irakienne ” Les espaces d’Ismail ” d’Ibrahim Hanoun présentée sur les planches du Rio, dérange et bouscule le confort intellectuel de certains, tout essayant de changer la manière de concevoir l’espace réel et celui imaginé. La pièce touche au plus profond de notre être en questionnant notre part d’humanité.
Seul face à ses démons, Ismail, est jonché dans sa chaise telle une loque humaine. Le personnage protagoniste, se livre, par moments, à une course haletante contre un mal qui ne dit pas son nom, un mal au visage de l’épouvante. Le voilà qui vacille. Etre ou ne pas être. Folie simulée ou véritable démence ? Et c’est là où réside toute la portée de la pièce. Car il est question de ” déstructurer ” l’espace pour y trouver les limites qui séparent le monde réel des illusions. La folie créatrice de la schizophrénie. Sommes-nous tous des malades de notre temps ? La pièce ne répond pas aux questionnements qui fusent. Elle en pose les plus lucides. Elle balance les spectateursdans la condition humaine en les amenant à y réfléchir. ” Des espaces d’Ismail ” on en ressort certainement pas munis de réponses toutes faites mais d’un regard plus actuel de notre réalité.
Le role d’Ismail est incarné par le grand Raed Mohsen. Sans oublier les autres personnages, celui de Yasmine et du médecin et des démons , brillamment campés par Catherine Hachem, Chaouki Farid, Majed Lafta, Saif Mouayed, Hayder Khayat, Taha Ali, et Ali Adhéri….le tout joué dans un théâtre qui se vit comme une arme de “distraction ” massive contre le mal qui sévit dans le monde.