Dans le cadre de la compétition officielle de la 21ème édition des Journées Théâtrales de Carthage (JTC), la salle Le Rio a accueilli hier sur sa scène, la pièce représentant le Bahreïn, écrite par Jamal Al-Sakr et mise en scène par Jamal Al-Ghilane, ” Ila Raya “.
Jouée par les deux comédiens Bourouine et Jomaât Al-Raouiî, cette création théâtrale raconte les élucubrations d’un couple, le mari, Ammar, marionnettiste et profondément patriote, et sa femme Raya, tout aussi patriote et habile créatrice de marionnettes, partage avec lui la passion de cet art, vivant dans un pays meurtri par la guerre.
Mais la femme, ne supportant plus cette vie chargée de peur et d’inquiétude, avec une interminable liste de morts et de martyrs, tente de convaincre son mari de partir, comme l’ont fait tous leurs voisins et leurs amis, à la recherche d’une certaine sécurité.
Seulement, le mari, attaché à un passé riche en réalisations artistiques grâce à ce monde de marionnettes qui racontent la patrie et traduisent l’espace, refuse de consentir au départ.
Tout au long de cette pièce (45 minutes), le conflit entre le couple ne cesse de s’amplifier, traduisant la dialectique de la vie et de l’amour, d’une part, et ces antagonismes entre l’espoir et le désespoir, l’art et le néant, le positif et le négatif du vécu et autres facteurs, d’autre part.
Décidée à partir, la femme quitte le foyer pour y retourner de suite, ne pouvant laisser son mari seul face à ces dangers qui le guettent et guettent leur foyer, le mettant au courant à chaque fois de ceux qui viennent de tomber en martyr parmi les voisins ou leurs connaissances. Une manière de le convaincre de quitter les lieux. Mais il ne peut y consenti car son monde à lui ce sont ces marionnettes, et sa patrie c’est son foyer, qu’il ne peut quitter, donnant à chacune de ses marionnettes un nom.
Et au fil du dialogue, tout devient lourd et ennuyeux, même les échanges des deux acteurs, une manière pour le metteur en scène de traduire la réalité vécue par le couple dont les sentiments vont s’effriter peu à peu jusqu’à la rupture qui se fera à la fin de la pièce.
Raya, décidée à partir, quitta le foyer, alors qu’une bombe vient de souffler la maison, transformant ces marionnettes en lambeaux.
Ainsi, ces détritus vont être parsemés ici et là, comme les feuilles de l’existence, et tout se perd à l’image des contrées livrées à la guerre et à l’apocalypse qui ont détruit l’être et l’humanité.
Il s’agit au fond, dans cette œuvre, de la situation de l’artiste, de son désarroi et des conflits qu’il vit pour affronter les bouleversements du présent et les changements qui ont touché ce noble art…