Le président du Courant démocrate, Mohamed Abbou, a annoncé vendredi le retrait définitif de son parti des concertations sur la formation du gouvernement.
Abbou a fait savoir également que le Courant démocrate ne prendra pas part à la future équipe gouvernementale et que les députés du bloc ne voteront pas en faveur du gouvernement de Habib Jemli.
Lors d’une conférence de presse tenue par son parti à Tunis, Abbou a précisé que le Courant démocrate ne peut gouverner avec le mouvement Ennahdha.
“Les perceptions et les objectifs du mouvement Ennahdha sont soumis à ses propres intérêts”, a-t-il expliqué, précisant que la décision concernant la non-participation du Courant démocrate au futur gouvernement a été prise par le bureau politique du parti.
Abbou a souligné que sa formation politique avait une autre conception de l’Etat et de l’avenir du pays, surtout que le paysage politique post-révolution a connu l’apparition de partis politiques qui servent leurs propres intérêts, sans compter l’incidence du financement étranger, le chantage contre les hommes d’affaires et les luttes entre les partis politiques sur la vie politique.
Abbou a déploré “la mainmise sur le ministère de l’Intérieur et sur la justice à travers le chantage exercé sur certains magistrats aux moyens de dossiers à charge contre eux. Selon lui, des magistrats sont instrumentalisés pour porter préjudice à certains adversaires politiques. Abbou qualifie cette situation politique d’”Etat des mafias”.
Et d’ajouter que “le mouvement Ennahdha doit lever sa mainmise sur les ministères de l’Intérieur et de la Justice qui sont utilisés pour l’accumulation du capital”.
Abou a rappelé à ce propos que son parti avait exigé les portefeuilles de l’Intérieur, de la Justice et de la Réforme de l’administration dans la perspective de changer le statuquo à travers un programme clair et une perception différente de l’Etat.
Il a précisé dans ce sens que le Courant démocrate s’est vu refuser lors des premières concertations sur la composition du gouvernement, le portefeuille de l’Intérieur, considéré comme étant une “ligne rouge”. Abbou estime que le département de l’Intérieur est “une mine d’informations sur la corruption, le financement étranger, les dépassements, les luttes sur les dossiers à charge soumis à la justice et l’exécution des décisions de justice”.
“Le Courant démocrate avait présenté les noms de deux personnalités indépendantes pour diriger le ministère, le premier étant un avocat et le deuxième un ancien magistrat”, a fait savoir Abbou.
Il a fait observer, également, que le chef du gouvernement désigné Habib Jemli lui a confirmé lors de leur rencontre, jeudi, le refus d’attribuer au Courant démocrate le portefeuille de la Justice expliquant que “les différentes parties politiques ont refusé cette condition”.
Abbou a indiqué à ce propos que sa formation politique était “certaine de se voir refuser ses conditions pour participer au gouvernement”.
Le président du Courant démocrate a souligné que le rôle de son parti consistera désormais à apaiser le climat politique et à “encourager le militantisme pacifique pour changer la réalité du pays”.
Il a appelé, dans ce sens, tous les Tunisiens à contribuer à la réforme du pays lors des cinq prochaines années.
Abbou a exprimé “son manque de confiance dans les parties qui formeront le futur gouvernement et dans les mains qui sont instrumentalisées pour porter atteinte à l’Etat de droit et des institutions”.