Tunisie – Violence à l’encontre des femmes : Notre justice serait-elle impartiale?

Une justice partiale ! C’est le leitmotiv brandi, scandé et dénoncé par toutes les chambres mixtes sises en Tunisie, ceci pour l’économie mais qu’en est-il quand il y a péril en la demeure et risques sur la vie d’autrui ?

En ce mois consacré à la communication et la sensibilisation à propos d’un fléau qui ne cesse de se propager, un fléau nommé violence à l’encontre des femmes, nous ne pouvons que regretter que les jugements rendus par la justice ne soient pas équitables! Ce qui pourrait éventuellement justifier le refus de milliers de femmes tunisiennes de porter plainte contre leurs maris devenus bourreaux ! Pouvons-nous? Oserions nous accuser notre justice de non assistance à personne en danger ?

Ci après l’Histoire de M.M racontée par Laurent Caizergues, conseiller consulaire Libye et Tunisie :

« Alerté depuis quelques mois, j’ai été appelé hier soir par une compatriote qui vit un véritable cauchemar. Cette femme a quitté la France il y a quinze ans par amour comme bien d’autres avant elle, la trentaine à peine entamée, sans un seul moment penser que l’idylle ne durait qu’un temps. Pour s’adapter à sa nouvelle vie, son nouveau pays et à sa belle-famille, cette femme accepta de subir une violence psychologique puis physique qui fût en permanence suivi d’un chantage affectif. La situation ne s’améliora pas malgré l’arrivée de deux enfants.

À cette situation déplorable vint s’ajouter l’isolement : chambres séparées, sorti en solitaire du mari avec ses amis, découchages réguliers sans explications.

À bout, elle demanda une première fois le divorce, puis une seconde pour arriver à sept demandes en tout. Elle ne trouva pas la force d’aller au bout face aux menaces de la belle-famille et aux coups portés par le mari. Le sort continua à s’acharner sur elle avec un premier AVC à 40 ans puis de multiple autres en 4 ans, seule en Tunisie sans le soutien de sa famille d’adoption. Après être passée près de la mort, elle décida enfin de reprendre sa vie en main et d’aller au bout de la procédure de divorce il y a un an et demi afin de protéger ses enfants qui subissaient eux aussi cette pression psychologique et familiale.

Très vite, un lynchage s’engagea et elle se vit menacée de mort si elle n’acceptait pas de tout laisser derrière ainsi que ses enfants.

Elle trouva face à elle une justice partiale rangée du côté du mari tunisien du fait de sa nationalité. Des forces de l’ordre appliquant des décisions de façon arbitraire quand cela arrange la partie adverse.

Ce monsieur, qui se dit par ailleurs insolvable, est représenté par 6 avocats et cherche par tous les moyens à la faire craquer en essayant de la faire incarcérer malgré son état de santé fragile ce qui pourrait lui être fatal, sans aucune retenue pour ses enfants qui ne supportent plus les menaces de mort de leur papa envers leur maman.

Je pensais à tort que la Tunisie protégeait les femmes. Mais cette histoire jette une toute autre lumière.

Le comble de l’affaire étant la mystérieuse réouverture du dossier classé en 2018 ayant abouti à un mandat d’arrêt prononcé mercredi dernier contre cette dame. J’étais hier à son chevet d’hôpital, des suites d’un énième AVC dont il me paraît évident qu’il est dû à cette menace d’incarcération.

Dans cette société si particulière en région méditerranéenne qu’est la Tunisie, il me semblait pourtant que la femme et la mère méritaient respect et protection. »

Oui la Tunisie, malgré tout, protège les femmes et les protégera. Et pour preuve: la ministre de la femme a appelé la victime hospitalisée et terrorisée à l’idée de rentrer chez elle auprès de ses enfants et lui a offert soutien et assistance et même, en cas de besoin, prise en charge des enfants.

Non mais qu’arrive-t-il à nos vénérables magistrats ? La justice aurait-elle perdu de sa noblesse et de son impartialité à tel point que non seulement nous Tunisiens vivons dans l’inquiétude de voir l’injustice régner en maîtresse dans nos vies et menacer cette paix fragile que nous vivons, mais aussi ceux et celles qui choisissent notre pays par amour ont perdu leur sérénité?

A quand l’éveil?

A.B.A