La Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (HAICA) a annoncé jeudi avoir signalé une irrégularité et convoqué le représentant légal de la chaîne de radio privée Nejma FM après avoir diffusé mercredi les déclarations d’un invité portant des accusations contre des personnes impliquées dans des affaires graves.
La Haica a expliqué qu’elle a décidé de convoquer le représentant légal de cette radio “afin de l’auditionner à cet égard avant de prendre la décision appropriée concernant cette station privée”, conformément à l’article 30 du décret 116 de 2011.
L’Autorité a estimé que ce qui a été diffusé mercredi dans l’émission “Zoom 73” sur cette radio est une “instrumentalisation de la chaîne pour nuire à la réputation des personnes mentionnées, qui porte atteinte à leur dignité et à leur vie privée”.
“Cela est contraire au principe de la présomption d’innocence et aux principes généraux de la liberté, à la déontologie de la profession journalistique, outre les actes de violence qui en résultent, qui portent atteinte à la sécurité nationale et à l’ordre public”, ajoute la Haica.
A cet égard, elle a appelé toutes les autorités compétentes, en particulier les structures judiciaires, à poursuivre le dossier sous des aspects ne relevant pas de la compétence de la haute autorité, et qui pourraient avoir de graves répercussions”.
“Le ministère public près le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme s’est saisi de l’enquête sur les déclarations à la radio de Youssef Ben Salem au sujet des incidents survenus, ces dernières années, à Ouardanine, gouvernorat de Monastir”, a déclaré plus tôt dans la journée le porte-parole de cette juridiction, Sofiene Sliti.
Il a précisé que le parquet a chargé l’Unité nationale de recherche dans les crimes terroristes d’enquêter sur ce sujet. Youssef Ben Salem, surnommé “Chouchou” avait accusé hier, sur les ondes de cette radio privée, un homme d’affaires célèbre de la région de se tenir derrière plusieurs “mouvements suspects” et “instructions graves” visant à semer le désordre et la zizanie.
“Des instructions ont été également ordonnées par cet homme d’affaires pour mener des meurtres et faciliter le transfert des jeunes vers les foyers de tension”, a-t-il encore accusé.
Youssef Ben Salem a aussi reconnu avoir aspergé d’essence, avec un groupe de jeunes, un membre de liste du mouvement Ennahdha, vainqueur des municipales, sur ordre de cet homme d’affaires.
Réagissant à ces déclarations, le mouvement Ennahdha a annoncé, mercredi, avoir saisi la justice pour tentative de meurtre de son secrétaire général à Ouardanine, lors des dernières élections municipales. Le mouvement a également invité le ministère public à poursuivre en justice toute personne ayant commandité ou incité à ce crime.
Le ministère public près le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme et le parquet de Monastir avaient ordonné il y a plusieurs jours l’ouverture d’une enquête sur des vidéos diffusées sur les réseaux facebook sur de présumés crimes commis à Ouardanine.
Le président Kaïs Saïed avait visité la semaine dernière la ville de Ouardanine (gouvernorat de Monastir) où il a rencongtré les cadres, dont le gouverneur de Monastir, le délégué, les directeurs du district de sécurité nationale et de la garde nationale ainsi que le maire de la ville.