Il y a un peu plus de 15 ans, nous autres Tunisiens, imprégnés des principes universels des droits de l’Homme et soucieux de justice, de liberté et du respect du droit à la différence, contournions tous les moyens de surveillance cybernétique de l’Etat pour lire ce qui se disait de nous à l’international. Les proxys mis à contribution, auxquels, d’ailleurs, nous revenons ces derniers temps parce que de nouveau hautement surveillés, nous permettaient de lire ce que les «exilés» du régime et les opposants «opprimés» écrivaient.
A l’époque déjà, les sites électroniques faisaient fureur et nous y trouvions toutes sortes d’articles venant de tous horizons. Soumaya Ghannouchi, digne fille du vénéneux Cheikh, n’était pas avare de propos acerbes sur le régime de Ben Ali et usait d’expressions grandement empoisonnantes et empoisonnées. Nous supposons d’ailleurs que leur nocivité était quelque peu atténuée par les dirigeants du site Tunisnews où elle était omniprésente !
A l’époque, nous comprenions son attitude et nous allions même jusqu’à la justifier. Nous comprenions que la «victime» d’injustices et d’oppression d’un régime «dictatorial» réagisse ainsi. Quoique nous avions découvert par la suite que son père était parti suite à un accord avec le dictateur en question lui offrant, en guise de reconnaissance, tout un rapport comprenant noms et actes de ses compagnons de lutte. Cette information n’est pas une invention, elle est de notoriété publique.
De retour en Tunisie, nous pensions aussi, naïfs comme nous le sommes, l’ère de la haine et de la vindicte révolue surtout que le père a été accueilli à l’aéroport Tunis-Carthage par les airs de «Akbala Al Badrou Alaina».
Nous pensions que de retour dans son pays d’origine, accueillie par un peuple empathique et dénué de toute forme de rancune, elle allait s’intégrer dans une société nouvellement acquise aux principes démocratiques, ouverte à toutes les idéologies et tolérant toutes les différences.
Et pour preuve. Quoique nous doutions sérieusement du sérieux de la «révolution», les Tunisiens, culpabilisés à outrance par les campagnes de victimisation des parias de l’ancien régime, ont voté aux élections de 2011 au profit des gens qui avaient “peur“ de Dieu (enness illi tkhaf rabbi). Ils ne s’attendaient pas à l’époque à voir les étendards noirs couvrir l’Avenue emblématique du Grand Bourguiba ou des filières entières couvertes et protégées par le parti islamiste, organiser l’envoi de contingents de nos jeunes en Syrie pour s’y faire tuer, massacrer et violer des civils innocents ou encore s’adonner au plus vieux métier du monde ennobli par une terminologie religieuse : Jihad Al Nikeh !
Soumaya Ghannouchi, pourtant pur produit de la grande culture démocratique britannique, n’a pas protesté, n’a pas contesté ces actes abjectes, elle s’est plutôt retournée vers ceux qui l’ont accueillie à bras ouverts pour les traiter de zéro virgule (sfir fassel) et pour leur cracher son venin : «Que votre dépit vous tue» (moutou bighaydhicom). Ceci dit, elle s’est attribuée à elle et à sa tribu des victoires électorales qui ne leur appartiennent même pas étant l’œuvre d’une volonté hors frontières (Administration Obama et ruse britannique) avec la complicité de droits-hommistes locaux dont l’allégeance a toujours été acquise à l’euro et au dollar !
Al Hiwar victime de la haine viscérale de Soumaya
Neuf (9) ans après, la haine de Soumaya Ghannouchi n’a pas tari, c’est comme si elle se nourrissait de tout le beau de la Tunisie, de la classe et de l’intelligence de ses femmes, de la grandeur et de la magnificence de sa civilisation, de l’avant-gardisme de ses mesures, de ses lois et de ses décisions et de la résistance et de la combativité de ses militants.
Elle a mis à contribution son magazine Meem, pour y faire campagne contre tous ceux et celles qui ne lui ressemblent pas. Dernière «performance en date», elle a commencé par ignorer les attaques violentes à l’encontre des journalistes d’Al Hiwar Al Tounssi qui couvraient une manifestation célébrant la victoire de Kaïs Saïed pour enfoncer la chaîne, l’accusant de “nourrir la haine entre Tunisiens“. Elle est allée même jusqu’à l’accuser d’être l’instigatrice de campagnes pouvant être des détonateurs de génocides tel celui rwandais, exprimant grandement son ignorance de l’histoire des peuples, des pays et des enjeux géopolitiques à l’origine de ces tragédies.
Mais a-t-elle le temps de lire ? Oublie-t-elle que la grande spécialiste en matière de division et de haine est elle-même ? Le clivage entre Tunisiens dont elle accuse la chaîne Al Hiwar ou la fetna ne sont-ils pas une culture familiale chez les Ghannouchi, les premiers à développer, à travers leurs discours haineux, la division et la haine entre Tunisiens laïcs et Tunisiens musulmans (sic) ? Entre compatriotes des régions de l’intérieur et ceux des régions côtières, entre riches et pauvres, entre arabophones et francophones ?
Soumaya Ghannouchi, qui dénonçait le clientélisme « benalien », n’a pas hésité à mettre à contribution l’image du président d’Ennahdha et le réseau paternel avec des chancelleries étrangères presque complices de l’islamisation rampante d’une Tunisie musulmane (resic) pour avoir des fonds en devises, financer sa fondation tout en s’adonnant à son sport favori : lyncher les Tunisiens et Tunisiennes, les vrais, les patriotes, les progressistes, les émancipés et les démocrates ?
Parce que des personnes comme elles qui ont reçu comme legs la haine et la peur de l’autre sont incapable d’amour, d’aimer l’autre malgré la différence, de tolérer l’autre même s’il réfléchit autrement, de respecter l’autre parce que la diversité est une richesse et non une faiblesse et sacraliser la liberté d’expression, elles ne peuvent édifier un pays ! C’est bien grâce à la liberté d’expression qu’elle peut aujourd’hui semer les graines de sa haine dans son magazine ! Et face à son magazine, Al Hiwar est bien La Mecque de la tolérance car elle accueille sur ses plateaux tous les Tunisiens toutes tendances confondues sauf ceux qui refusent d’y être !
Soumaya Ghannouchi fait peine à voir car en vouloir autant aux autres exprime un grand mal-être et une incapacité de s’ouvrir sur l’être dans tous ses états et dans toutes ses postures.
Et elle croit, elle et ses semblables qu’ils peuvent édifier un pays, une patrie, qu’ils peuvent apprivoiser un peuple ?
Elle aurait dû tirer les enseignements de l’histoire humaine : on ne construit pas un pays par la haine de l’autre, on le construit par l’amour de l’autre, des autres quels qu’ils soient et quelles que soient leurs convictions !
Mandela et Gandhi sont les exemples vivants de ceux qui ont libéré des peuples et les ont affranchis par l’amour. Hitler est l’exemple de la destruction du monde par la haine ! Soumaya Ghannouchi n’en est pas loin !
Amel Belhadj Ali