La cousine de Kaïs Safraoui, poignardé par un jeune de 19 ans, n’a pas mâché ses mots pour mettre en évidence l’insécurité qui règne dans le pays et cela depuis des années.
Elle explique la lenteur des procédures et précise qu’un citoyen s’est arrêté pour transporter Mehdi, qui a été grièvement blessé. Les chauffeurs de taxis ne voulaient pas prendre la responsabilité quant aux ambulances, les chauffeurs attendaient un ordre du poste de police pour transporter les deux victimes de l’agression.
Message :
Les mots me manquent pour décrire ma douleur en ces jours pénibles. Je perds un être cher à mes yeux, mon petit cousin. Mais je ne peux qu’être soulagée que son frère s’en est sorti. Qu’est ce qu’on en a à foutre qu’on se retrouve dans cette situation à cause d’une fille ou même d’un chat? Ils ont été victimes de banditisme ni plus ni moins. La drogue est devenue tellement banale et courante que ce jeune de hay ennasr s’est permis de se pointer à l’aaouina stone avec un couteau à la main, cette main qui a transpercé Kais directement au coeur et Mehdi quand il a voulu défendre son jeune frère. Tout ceci alors qu’ils étaient simplement en train d’organiser une action humanitaire pour les enfants défavorisés à l’occasion de la rentrée. Un fléau nous est tombé dessus. J’ai pleuré, beaucoup même, et je tiens à dénoncer l’incompétence, la négligence, des policiers ainsi que des ambuliciers. L’aaouina est une zone pleine de policiers, le poste était à deux pas. Pourtant, ils étaient tous bien au chaud affalés sur leurs chaises alors que le sang coulait au dehors. Les amis et les cousins de Kais et Mehdi présents sur la scène ont appelé plusieurs fois les urgences, mais on ne faisait que leur répéter qu’ils devaient attendre un ordre venant du poste de police pour intervenir. Ils ont essayé d’arrêter un taxi pour les emmener à l’hôpital tout en criant les noms des deux frères pour les garder éveillés en vain, de peur de se retrouver mêlé à cette histoire, le chauffeur a failli leur rouler dessus. Finalement, c’est un jeune qui s’est arrêté au stop pour les emmener, un jeune citoyen tout ce qu’il y a de plus simple. Grâce à lui, Mehdi a eu la chance de s’en sortir, c’était déjà trop tard pour mon pauvre Kais.
Comment a-t-on arrêté ces assassins me diriez-vous? Des jeunes du quartier les ont rattrapé près de la salle de boxe (l’église) pour les ruer de coups avant de les emmener au poste. La drogue leur est tellement montée au cerveau qu’ils ne s’était même pas rendu compte de l’horrible crime qu’ils venaient de commettre.
Ce qui me désole encore plus c’est la propagation de fausses rumeurs, la curiosité de certains osant composer mon numéro pour la simple et bonne raison de connaître “chsar yekhi?”, “c’était un braquage ou un crime passionel?”, “comment ils les ont poignardé?”…, que des questions à la chaîne pour oublier de dire ce simple “el barka fik” ou alors “rabi isabarkom”.
Les gens ne se rendent même pas compte de la gravité de la situation.
Où est passé notre sécurité et celle de nos enfants dans tout ça? Où est cette police et ces urgences qui doivent assurer notre sécurité et nos vies? Où sont-ils passés ces politiciens tellement obnubilés par les élections qu’ils n’ont même pas le temps de voir ce qui se passe dans les rues de la ville?
Ça me fond le coeur de voir qu’au final, après cet horrible crime dont ont été victimes mes jeunes cousins, personne ne se bouge le cul pour trouver une solution.
Pleins de personnes meurent comme ceci chaque année, voir même chaque jour. Mais on avait toujours dans la tête isir lghirna ama ahna le. Et bah cette fois-ci c’était nous et votre tour viendra.
Toute la tunisie devrait pleurer cette perte. Non seulement on a perdu un jeune héro le coeur sur la main, mais c’est aussi l’exemple même de notre insécurité.
Sur ce, je vous prie de tous prendre ceci comme exemple, vivez riez sortez pleurez, vivez la vie pleinement, dîtes à vos proches que vous les aimez. N’oubliez qu’une vie, une personne, prend neuf mois pour être conçue mais il suffit de quelques secondes pour qu’elle s’envole en milles éclats, laissant derrière une mère, un père, un frère, un cousin, un ami, tous au fond du gouffre.