Toujours dans le cadre de ses rencontres thématiques, Mehdi Jomaâ, président du parti Al Badil et candidat à l’élection présidentielle anticipée, s’est réuni hier, à l’espace culturel l’Agora, avec des personnalités et des hommes de culture afin de débattre de la situation culturelle présente et des solutions à apporter afin de faire sortir ce secteur de sa léthargie, selon la vision future réformatrice du candidat d’Al Badil.
Dans ce cadre, M. Mehdi Jomaâ a présenté les grands axes sur lesquels doit reposer la politique culturelle telle qu’il la conçoit afin de donner aux Tunisiennes et aux Tunisiens les moyens de s’épanouir et d’édifier le citoyen de demain comme il devrait l’être en ce 21ème siècle.
Une politique culturelle qui contribuera d’une manière plus efficiente et plus complète à forger la personnalité des jeunes générations l’objectif étant de leur inculquer les valeurs universelles tout en les dotant d’autres compétences -dont les soft skills, comme l’argumentation, le leadership, la confiance en soi, la communication, la gestion du temps, etc.
La culture pour M. Jomaâ, est aussi un facteur de cohésion sociale par une meilleure connaissance de l’autre, tout Tunisien devant ressentir qu’il est « culturellement reconnu » et considéré. Et cela ne peut se concrétiser que par la reconnaissance de l’autre dans sa diversité culturelle et par la valorisation d’un maximum d’éléments culturels locaux à l’échelle nationale.
Quant au rôle économique de la culture, celle-ci ne peut être que l’un des socles de l’économie et du développement durable et humain en général. L’objectif pour M. Mehdi Jomaâ sera de tripler la contribution de la culture au P.I.B. (avoisinant actuellement 0,6 %) sur 5 ans à travers nombre de mesures incitatives aux industries culturelles et créatives, dont la révision de la taxation et la diversification des sources de financement.
D’autre part, une stratégie nationale de développement durable en adéquation avec le programme des Nations unies pour le développement durable horizon 2030 et ses 17 objectifs de développement durable (ODD) sera mise en place dès les 6 premiers mois de son mandant.
Il s’agit d’une meilleure exploitation du potentiel énorme de la culture, sur l’ensemble du territoire tunisien, lié à l’histoire, au patrimoine naturel, matériel et immatériel, à la création artistique, à l’innovation, au savoir, au potentiel humain, aux compétences, etc.
La politique culturelle est une question transversale
La culture ne concerne uniquement pas le Ministère en charge de la Culture en tant que département administratif, bien que ce département en soit directement responsable. Elle est aussi liée à d’autres départements de l’État comme ceux de la Jeunesse, de la Femme, de l’Éducation, de l’Enseignement Supérieur, du Tourisme, de l’Emploi, de l’Industrie, de l’Investissement et du Développement et autres. De ce fait, elle doit bénéficier d’un portage politique au sommet de l’État et de programmes transversaux.
À titre d’exemple, il faut coordonner les actions et missions des maisons de la culture et de la jeunesse existantes dans un premier temps puis et arrêter d’en construire pour mieux équiper les écoles -déjà existantes sur l’ensemble du territoire- et les transformer graduellement en véritables espaces de vie, lieux de pratique culturelle et sportive quotidienne.Ceci permettra une action plus efficiente mais, aussi, d’optimiser les ressources et d’éviter l’éparpillement de budget.
D’autre part, le rôle grandissant du secteur privé et de la société civile dans l’action culturelle n’est pas pris en considération,à ce jour, par la politique publique qui se positionne souvent en concurrent à ces deux secteurs. Tout en continuant à assurer son rôle important de soutien, l’État doit se désengager progressivement du volet événementiel de l’action culturelle directe au profit d’une action permanente et généralisée (dans l’ensemble des écoles, collèges et lycées). Il devrait jouer essentiellement le rôle de facilitateur et de régulateur et intervenir uniquement sur une culture d’appoint là où les investisseurs et la société civile n’interviennent pas, comme dans les zones rurales, ou pour les expressions culturelles menacées ou les expressions culturelles non commerciales, etc.
La décentralisation est aussi un sujet auquel M. Mehdi Jomaâ accorde un intérêt majeur.
C’est qu’aujourd’hui il existe une forme de déconcentration pour ce qui est de la gouvernance publique de la culture, à travers un réseau d’institutions, représentant le Ministère des Affaires Culturelles dans les régions. Alors qu’une véritable décentralisation est demandée, nécessitant davantage d’indépendance dans l’identification des besoins, les processus de prise de décision, la gestion du budget, ainsi que la mise en place des programmes émanant de la région et pour son développement, en totale collaboration avec la société civile et le secteur privé.
Créer aussi un « Label Tunisie » dans le secteur de la culture ne peut que donner plus de rayonnement de notre pays au niveau international et contribuer au développement de nos produits culturels, artistiques et touristiques vis-à-vis de l’étranger.
L’industrie culturelle est un secteur qui doit être valorisé, car il n’est plus question aujourd’hui de « consommer » le produit culturel, mais d’en faire un outil qui contribue à l’économie d’une façon générale.
Tout cela, dans la vision réformatrice de M. Mehdi Jomaâ, passe par une structuration totale du secteur avec des orientations claires en évitant cette politique engourdie de l’événementiel.