Au cours de l’émission « Le résidant de Carthage » (« Saken Carthage »), présentée le vendredi 23 août par Boubaker Akacha sur la chaîne de télévision privée « Attassia », Mehdi Jomaâ, président et fondateur du parti « Al-Badil, candidat aux prochaines élections présidentielles de 2019, a répondu aux multiples et nombreuses questions adressées par ses interlocuteurs qui se sont relayés sur le plateau de cette émission, et relatives à divers sujets ayant trait à son passage au gouvernement, en tant que ministre, dans un premier temps, puis en tant que chef du gouvernement, à son programme, politique, économique, social et sécuritaire, au cas où il sera élu président de la République, à ses positions sur des événements et des sujets brûlants, et autres d’actualités ou à caractère diplomatique.
Le premier sujet abordé a été celui de l’arrestation de Nabil Karoui et de son frère Ghazi Karoui, sur lequel Mehdi Jomaâ a estimé que cela relève des décisions de justice qu’il faudrait respecter et que personne n’est au-dessus de la loi, précisant toutefois que ces événements ne peuvent avoir que des retombées négatives sur le citoyen qui ne cesse de se poser des questions sur cette atmosphère politique impure, et comment seront ses réactions face à cela, et qu’au contraire, il est du devoir de tous de créer plutôt, à la veille de ces élections, une atmosphère politique saine.
De ce fait, Mehdi Jomaâ estime qu’on ne peut se sentir, dans de pareilles situations, que mal à l’aise face aux citoyens.
Sur la question des raisons de sa candidature aux élections présidentielles, Mehdi Jomaâ a exprimé toute sa confiance à assumer cette responsabilité, riche de son expérience passée, ayant occupé d’importants postes de responsabilité au niveau international et national, et de la large toile de relations qu’il avait tissé à l’échelle internationale qui ne peut que l’aider à œuvrer pour le pays et à servir ses intérêts, conscient aussi du rôle déterminant d’un Chef d’Etat pour répondre aux attentes du peuple.
Mehdi Jomaâ s’est dit aussi tout à fait prêt et capable de prendre les décisions qui s’imposent et sans atermoiements, afin de lutter principalement contre l’anarchie qui sévit dans le pays et faire respecter la loi et l’appliquer à tous, gouvernants et administrés.
Quant à sa vision sur le rôle du président de la République et ses prérogatives, le fondateur du parti « Al- Badil » a précisé qu’en plus de l’attention qu’il doit accorder aux attentes de son peuple, le Président de la République doit veiller sur les relations de son pays avec l’étranger dans le but de protéger ses intérêts.
Au premier volet, il s’agit tout d’abord de tenir les promesses faites aux électeurs et au peuple en général, à pouvoir résoudre ses problèmes, qu’ils soient à caractère économique, social, sanitaire, environnemental, éducatif, sécuritaire ou autre.
Et pour bien mener cette large réforme de l’Etat, c’est au Président de faire le bon choix d’un bon chef de Gouvernement qui doit posséder les qualités nécessaires afin d’assumer pleinement sa mission.
Et c’est à travers de larges concertations avec toutes les parties que l’on arrive à trouver l’homme qu’il faut à ce poste de responsabilité, même si le Président de la République ne puisse jouir d’une majorité au sein de la future Assemblée du Peuple, alors qu’un Président sans majorité aura, il est vrai, la tâche que plus difficile.
Mais pour Mehdi Jomaâ, un Président, porteur d’un projet clair et global, ne peut que réussir et c’est au citoyen que revient le rôle de bien choisir son futur président. C’est pour cette raison qu’« Al-Badil » sera présent dans 33 circonscriptions électorales afin d’être au plus près du citoyen et de le convaincre du bien-fondé de nos choix.
Au sujet de son parti, Mehdi Jomaâ a tenu à préciser que l’idéologie d’ « Al-Badil » est basée sur la clairvoyance quant à l’avenir du pays et des choix à faire, et que même en tant que ministre ou Chef de Gouvernement, il n’a jamais eu de positions partisanes, gardant en toute circonstance son indépendance de décision, parfaitement conscient de son statut d’homme d’Etat.
Pour le rôle diplomatique du Président de la République et ses propres choix dans ce domaine, Mehdi Jomaâ a insisté sur la voie directive qui a toujours caractérisé la diplomatie tunisienne depuis l’indépendance, celle de la neutralité, du respect de la légalité internationale et des différentes décisions et résolutions des instances internationales, à l’instar de l’Onu, de la Ligue arabe, refusant toute implication dans la politique des axes, y compris celle qui touche quelques pays arabes. Car les dangers d’une telle politique sont grands et peuvent porter atteinte aux intérêts de la Tunisie, Mehdi Jomaâ y voyant même une forme de traîtrise envers le pays. Il s’agit d’avoir tout simplement de bons rapports avec toutes les parties, avec le principe de la non-ingérence dans les affaires des autres pays.
Mais ce qui manque à la diplomatie tunisienne actuellement, c’est une certaine dynamique qui donnerait à la Tunisie la place qui lui revient sur l’échiquier régional, continental et international.
Concernant les dossiers brûlants qu’il aura à traiter en tant que Président de la République s’il venait à être élu, Mehdi Jomaâ a présenté sa vision sur ces sujets comme la reprise des relations diplomatiques avec la Syrie, jugeant la position de l’ex-président provisoire Moncef Marzouk inopportune, reconnaissant le différend qui l’avait opposé à ce dernier sur ce sujet.
Quant au retour des terroristes, il a exprimé son refus de principe à les faire revenir, car il s’agit de protéger le citoyen des terroristes et non pas de protéger le terroriste aux dépens du citoyen.
Et c’est au cas par cas que ce dossier doit être traité, les institutions sécuritaires du pays ayant largement l’expérience et les moyens d’étudier et d’évaluer chaque cas et de décider de son sort.
Quant au dossier libyen, il faudra lui trouver une solution politique, d’être à distance égale de toutes les parties, sans aucune forme d’interventionnisme, et de les aider à rétablir la paix.
Comme chaque président nouvellement élu, la première visite qu’il effectuera s’il venait à être élu sera en Algérie, les rapports entre les deux pays ayant été, de tout temps, excellente, sans oublier le rôle joué par ce pays frère voisin dans la lutte contre les groupuscules terroristes basés sur nos frontières ouest.
Sur un autre plan, et concernant ses rapports avec la politique, M. Mehdi Jomaâ s’est dit suffisamment expérimenté pour bien traiter différents dossiers et capable de mener à bien sa mission pour faire sortir le pays de la crise dans laquelle il se trouve.
Sachant que le pouvoir n’ayant jamais été une obsession pour lui, Mehdi Jomaâ s’est déclaré toujours prêt à céder la place aux autres et que même sa candidature aux présidentielles a été le résultat des multiples encouragements émanant de nombreux citoyens et autres responsables, ce qui dénote d’une réelle popularité de sa personne, ayant obtenu lors de son mandat à la tête du gouvernement quelque 70% de satisfaits sur la politique qu’il avait menée.
D’autres questions ont été soulevées et sur lesquelles Mehdi Jomaâ a donné les éclaircissements nécessaires comme la question de la compensation qui devrait être annulée, cette compensation profitant à des catégories aisées, alors qu’il faudra la remplacer par une aide directe conséquente aux classes défavorisées.
La réconciliation nationale ne pourra qu’assainir la situation dans le pays, impliquant l’ex-président Ben Ali, car pour Mehdi Jomaâ, il n’est pas normal qu’un ancien président tunisien, symbole de l’Etat, puisse vivre exilé dans un autre pays.
La question de l’Aleca, l’accord avec les pays européens, a été soulevé et M. Jomaâ a insisté sur la nécessité de bien préparer ces négociations, car bon nombre de secteurs nécessitent une mise à niveau et ne sont prêts à concurrencer les autres partenaires, à l’image de l’agriculture à titre d’exemple, tout en renforçant l’efficacité de nos institutions.
Il s’agit pour Mehdi Jomaâ, dans sa vision d’un futur président, de traiter les problèmes qui préoccupent les citoyens tunisiens, de leur trouver les solutions indispensables, sans fausse promesses, de se pencher sur la crise morale qui touche la société, de donner à la culture la place qui lui revient pour élever le niveau des rapports entre les uns et les autres, y compris une diplomatie culturelle qui contribuera à soutenir les efforts de développement du pays.
Tout cela exige des mesures urgentes et la mise en œuvre d’un grand projet de réformes dont la Tunisie a grandement besoin.