Miser sur les jeunes artistes tunisiens et s’ouvrir sur l’expérimentation musicale est un pari hasardeux que peu de festivals tunisiens risquent de faire eu égard à l’impératif des équilibres financiers qui pèsent lourdement sur toutes les manifestations culturelles. Malgré cette grande contrainte, le Festival International de Carthage (FIC) a choisi de s’aventurer sur ce sentier en partant de ses propres valeurs et en tant qu’incubateurs des talents les plus remarquables et de plateforme idoine à partir de laquelle plusieurs grandes stars ont pris leur envol.
Le FIC dans sa 55ème édition a voulu démontrer que la programmation des jeunes artistes tunisiens au Théâtre romain de Carthage est un réel investissement dont les bénéfices sont immédiats. En témoigne la soirée du mardi 23 juillet 2019 avec la participation de Zied Zouari, Nidhal Yahiaoui et Lina Ben Ali qui ont assuré tous les trois une soirée spéciale au bonheur de leurs fans venus nombreux les encourager.
La soirée a débuté avec la jeune Lina Ben Ali, connue par sa puissante et voluptueuse voix et ses interprétations des tubes célébrissimes artistes. Durant quarante minutes, Lina a offert à son public “Shallow” de Lady Gaga, la chanson thème du film “A Star Is Born”, sortie en 2018 en enchainant par la suite avec “Rehab” une chanson écrite et interprétée par Amy Winehouse dans son second album studio “Back to Black”, sorti en octobre 2006 avant de se lancer dans l’interprétation d’autres tubes de Withney Houston, Anastasia et tant d’autres grands artistes étrangers.
Lina a par ailleurs chanté des titres de son tout nouvel album qui ont fait vibrer les gradins de Carthage.
La deuxième partie de la soirée a été consacrée à l’artiste violoniste Zied Zouari qui a émerveillé ses fans par ses sonorités qui lui sont propres et surpris le public qui le découvre pour la première fois par l’originalité de sa démarche artistique et son audace de créateur authentique. Avec son spectacle “Electro Btayhi” Zied Zouari a prouvé sur la scène de l’amphithéâtre de Carthage que le patrimoine musical tunisien est un immense réservoir d’inspiration et peut être à jamais immortalisé si les artistes lui accordent l’intérêt dont il a besoin. Avec des instruments occidentaux et très anciens dont le Didgeridoo, Zied Zouari a réussi un métissage d’une extrême finesse entre plusieurs styles de musiques. Avec son violon et avec la participation ses enfants Taamim et Tarak au violon et à la guitare, Zied a revisité le patrimoine tunisien avec une approche très moderne qui fusionne l’électronique au pop et au hip hip dans un mélange très réussi.
Et ce fut à Nidhal Yahiaoui d’assurer la troisième et dernière partie de la soirée avec son nouveau projet “Chaouia”, une reprise de chansons populaires très anciennes du nord-ouest tunisien dont il est originaire et présenté dans un style nouveau qui s’apparente à la pop music et ses rythmes endiablés, avec un spectacle qui restitue le patrimoine authentiquement tunisien sans la moindre altération. De ” Sag Najak sag ” ” Chaouia “, ” Lasmar Khouya ” à ” Al Naouar “, Nidhal a survolé tout un pan de l’histoire en offrant au public des moments de joie et de grand bonheur.