Le public de la 55ème édition du Festival international de Hammamet (FIH), a eu droit, dans la soirée du samedi, à une deuxième représentation théâtrale à travers la pièce ” Madame M “, mise en scène par Assia Jaïbi et produite par “Familia Productions”.
Avant la levée du rideau, une voix-off s’est infiltrée dans l’air pour présenter les comédiens et rappeler aux spectateurs la règle de conduite à observer pendant la représentation à commencer par la fermeture des téléphones portables.
Les évènements de la pièce “Madame M” se déroulent au sein d’une famille composée d’une mère veuve, Malika, et de ses cinq enfants, Mouna, Mourad, Mehdi, Mina et Moussa. Toute la famille semble heureuse en vivant en harmonie jusqu’à ce que Hajer débarque: une journaliste, qui a publié un article sur l’implication de cette famille dans la propagation des ” rats ” dans le quartier, et dont la prolifération aurait provoqué le suicide de “Mehdi” qui a mis fin à sa vie suite à l’injustice subie et qui a causé la dispersion des membres de la famille.
L’œuvre porte un regard critique sur le travail des journalistes qui recherchent les scoops sans pour autant effectuer les investigations nécessaires et sans chercher le bien-fondé des faits pour répandre des fake-news, ce qui a contribué à l’effondrement des valeurs sociales et à la division des citoyens.
Le personnage de la journaliste “Hajer” était absent sur scène mais fut représenté par une chaise rouge dont la couleur véhicule plusieurs messages, dont le pouvoir, le danger et l’état d’urgence. Le style “Jaïbi” semble reconnaissable avec une dénudée et un décor simple pour que le spectateur se concentre davantage sur ce que disent les acteurs et non sur le décor.
Les membres de la famille, chacun à sa manière, essaye de s’en prendre à Hajer jusqu’à ce qu’ils s’en débarrassent, ce qui complique la situation. Un autre conflit surgit entre les membres de la famille et qui s’est illustré par un clivage entre Madame M. et ses enfants, dévoilant dans son sillage un autre conflit entre les enfants, balayant du revers de la main l’image stéréotype d’une famille stable et soudée.
L’action fut émaillée par différents tableaux entre danse, querelles, célébrations, tensions et discussions sans fin. Sur scène, tout se déroule au vu du public ; changement de costumes ou de décor. La lumière a également été utilisée technique “scénographique”. Dans cette pièce, la lumière est avant tout une lecture du texte, elle ne met pas le comédien en valeur mais met le texte en lumière. Elle entre en scène comme un comédien avec amour, respect et humilité. Comme la vérité qu’on aspire à cacher ou à révéler, elle fut parfois belle, sublime et parfois froide et grise. La lumière fut un comédien de plus qui fait le même travail sur le personnage, sur le texte, sur la dramaturgie.
La représentation qui a duré une heure et demie d’esquives de la vérité où ce qui rassemble les enfants ne s’avère pas la mère, mais le gâteau d’anniversaire de la mère, que chacun en voulait une part, faisant ainsi allusion à la division du pouvoir dans le pays, d’où le message sur une classe politique, qui, aux côtés des médias, a participé à la détérioration de la situation dans le pays et à davantage de division.