Un rapport élaboré par l’Instance Nationale pour la Prévention de la Torture (INPT) sur “les conditions de détention et d’accueil des personnes vulnérables entre les normes internationales et les engagements nationaux”, a indiqué que les conditions de détention et d’accueil des catégories vulnérables en Tunisie ne sont pas conformes aux normes internationales et ne préservent pas la dignité humaine.
Ce rapport, dont les résultats ont été présentés lors d’une conférence de presse tenue, lundi à Tunis, à l’initiative de l’INPT a souligné l’existence d’un énorme décalage entre la réalité et les normes internationales sur les conditions de détention et d’accueil des catégories vulnérables à savoir les personnes âgées, les enfants, les femmes handicapées, les malades mentaux, les migrants, les enfants étrangers et migrants et les hétérosexuels (homosexuels, bisexuels,transexuels…).
Le président de l’instance, Fathi Jaraya a précisé que ce rapport est le fruit du travail de huit ateliers de réflexion et de débats organisés à l’initiative de la commission de la femme, de l’enfance, des personnes handicapées et des catégories fragiles relevant de l’instance, organisés du 20 décembre 2017 au 19 avril 2019, en collaboration avec les différents ministères concernés, la société civile, locale et internationale et d’experts onusiens et internationaux.
De son côté, la présidente de la commission de la femme, de l’enfance, des personnes handicapées et des catégories fragiles, Saida Mbarek a signalé que des défaillances ont été enregistrées au sein des centres d’accueil au niveau des espaces et des textes législatifs, déplorant l’absence de formation adéquate du personnel pour la prise en charge des catégories à besoins spécifiques.
Les espaces de détention ne tiennent pas compte des besoins spécifiques des personnes handicapées, a-t-elle indiqué, soulignant dans ce sens que la direction générale des prisons et de la rééducation s’est engagée à tenir compte de cette situation lors des travaux d’extension dans les prisons.
“Plusieurs lacunes législatives doivent être comblées, notamment, la suppression de l’article 230 du code pénal qui criminalise l’homosexualité, la mise en vigueur du texte relatif au délégué à la liberté surveillée, figurant au code de la protection de l’enfant depuis plus de 20 ans, outre l’amendement de la définition de la torture dans les textes juridiques tunisiens, qui n’est pas conforme aux textes internationaux, a-t-elle ajouté.
D’après la présidente de la commission, les centres de détention ne répondent pas aux besoins spécifiques des femmes, à l’instar des aspects sanitaires, la prise en charge psychologique, sociale et économique, le suivi et l’intégration.
“Ce rapport a permis de relever plusieurs problématiques relatives à la coordination entre les différents intervenants en matière de prise en charge des catégories fragiles, outre l’absence de données statistiques concrètes relatives à ce sujet”, a-t-elle fait savoir.