La mairesse de Tunis inaugure le Rawdh Ibnou Al Arabi, symbole de l’islam amour

En rebaptisant la Rue Ibnou Al Arabi, Rue de Serbie, la Mairesse de Tunis, Souad Abderrhim, a soulevé toutes sortes de sentiments : indignation, émoi et courroux de l’opinion publique et des médias. Son inauguration du « Rawdh Ibnou Al Arabi », un espace vert situé à Al Manar 2, pourtant célébrée lors d’une soirée ramadanesque inédite et animée par des chants soufis, est presque passée inaperçue. C’est dire la logique négativiste de nos compatriotes dont le violon d’Ingres est plus d’enfoncer toutes les initiatives dans la boue, pour des raisons idéologiques et personnelles, que de reconnaître les mérites de certaines d’entre elles.

Souad Abderrhim, accompagnée par le gouverneur de Tunis, Chedly Bouallegue, a eu le mérite, cette fois-ci, de soutenir la proposition venant d’une conseillère municipale appelant à consacrer une placette et de rendre l’hommage qui est dû à cet océan de savoir : Ibnou Al Arabi. Cet homme qui a prêché tout au long de sa vie pour un islam de beauté et d’amour, contrairement à d’autres comme Ahmed Ibnou Hanbal -fondateur d’une école de pensée rigoureuse et dont la famille avait soutenu un khalife sanguinaire (Abû al-`Abbas al-Saffah).

Ibnou Al Arabi, penseur musulman de mère maghrébine (Tlemcen) et de père arabe, a été l’un des fondateurs des courants philosophiques et ésotériques dans le monde. Certains auteurs attestent que l’Italien Dante Alighieri a été influencé par son œuvre lors de l’écriture de son magnifique ouvrage « la Divine Comédie ».

Ibnou Al Arabi a découvert à 14 ans l’abasourdissant Ibnou Rochd. Un philosophe qui avait mis l’accent sur la nécessité pour les savants de pratiquer la philosophie et d’étudier la nature créée par Dieu et d’étudier les sciences profanes dont la logique et la physique, en plus de la médecine. Il a d’ailleurs influencé les philosophes médiévaux latins et juifs dits averroïstes, comme Siger de Brabant, Boèce de Dacie, Isaac Albalag et Moïse Narboni.

Ibnou Al Arabi a été également l’inspirateur de Djalaladdine Erroumi, Soufi persan connu pour l’immensité de son savoir et sa tolérance. « Des penseurs occidentaux comme René Guénon ou Frithjof Schuon le considèrent comme une des expressions privilégiées de la philosophia perennis.

Selon Roger Deladrière, Ibn ‘Arabi est l’auteur de « l’œuvre théologique, mystique et métaphysique la plus considérable qu’aucun homme ait jamais réalisé ».

Henry Corbin le considère comme « un des plus grands théosophes visionnaires de tous les temps ».

Dans l’islam soufi, Dieu est amour, et l’islam, dernière religion révélée, inclut l’amour dans sa divine Loi. « Dieu est tout à la fois l’Amant, l’Aimé et l’Amour. II crée par amour de se faire connaître et ses créatures sont les manifestations de cet amour. Elles sont donc toutes éminemment et essentiellement concernées par l’amour sous son triple aspect divin, spirituel et naturel. Chacun alors se sentira attiré et engagé à vivre cet amour décrit d’une manière si captivante et exhaustive ».

Quant à la femme, elle revêt pour Ibnou Al Arabi une dimension divine, elle est plus proche de Dieu que l’homme, plus céleste car, comme Dieu, elle est le siège de la gestation, de la création de l’être, le lieu indispensable où se forme l’être humain. « Le “créateur de l’être” (al-Mukawwin) ne fait pas partie de la liste canonique des Noms divins, mais il est dans les attributs de Dieu, qui est celui qui “existencie”, amène la créature à l’existence. Après Dieu, c’est-à-dire sur le plan “créaturel”, c’est bien la femme qui est à l’origine de la vie ». La première femme d’Ibnou Al Arabi, Maryam bint ‘Abdun, issue d’une famille andalouse, représente « l’idéal de la vie spirituelle ».

Ibnou Al Arabi s’inspire du prophète Mohammed qui a dit dans un hadith : « Il m’a été donné d’aimer de votre monde trois choses : les femmes, le parfum et la prière, qui est mon suprême plaisir ». « Les femmes se trouvent ainsi associées à ce qu’il y a de plus subtil et de plus spirituel. La tournure grammaticale utilisée en arabe indique clairement que cet amour pour les femmes a une source divine, métaphysique ; il faut donc lire : « Dieu m’a fait aimer de votre monde… ». Le soufi Ibn Arabi (mort en 1240) explique cet amour qu’éprouvait le Prophète pour les femmes par le fait qu’elles sont la manifestation de la beauté de Dieu la plus accomplie sur terre ».

A lire cela et à découvrir cela, comment une femme, en l’occurrence la mairesse de Tunis, ne rend pas grâce à l’un des plus grands penseurs de l’ère musulmane ? Comment peut-elle ne pas consacrer un petit coin de verdure à Ibnou Al Arabi, celui qui représente l’islam qui respire l’amour diamétralement opposé à l’islam arboré par les sanguinaires pour lesquels le rejet, la haine et le sang sont les garants du paradis éternel?

A.B.A

Sources : Wilkipédia

https://www.saphirnews.com/La-force-du-feminin-en-islam-selon-Ibn-Arabi-et-l-emir-Abad-el-Kader_a 26083.html

http://www.lemondedesreligions.fr/mensuel/2015/71/les-premieres-musulmanes-le-prophete-qui-aimait-les-femmes-07-05-2015-4692_215.php