Auteur-réalisateur du documentaire “Fouledh” retenu dans “La Fabrique Cinéma” en compétition officielle du 72ème festival de Cannes, Mehdi Hmidi était jeudi au pavillon Les cinémas du monde, une section dans laquelle figurent 10 films en phase de développement.
Dans un entretien avec l’agence TAP, le réalisateur présente les étapes ayant été franchies dans le développement de son documentaire avant d’être retenu à Cannes 2019.
Hmili présente un documentaire qui “suit quatre ouvriers de l’Usine du Fouledh à Menzel Bourguiba, (près de Bizerte au nord tunisien), dans leur quotidien au sein de l’usine et jette la lumière sur leurs souffrances psychiques”.
Il revient sur le choix des ouvriers pour jouer leurs propres rôles. La phase de développement a été accompagnée de visites à l’usine. Ce lieu constitue un souvenir d’enfance d’un monde dont Hmili rêvait d’explorer. Et le rêve se transforme en réalité à travers la réalisation du vécu de ces gens. Le film est alors le fruit d’une “recherche approfondie ” de son auteur longtemps fasciné par le monde du travail et l’usine qu’il fréquentait assez souvent pendant son enfance.
Le tournage à l’usine est une expérience humaine de laquelle Hmili garde ce sentiment “d’amour et de respect mutuels” avec les ouvriers filmés. Il opte pour un documentaire dont “l’historise éternise et résume la vie de milliers d’ouvriers” ayant fait leur passage dans ce lieu datant des années 60 et leurs sacrifices dans un lieu de travail pourtant hostile.
Le tournage avait commencé depuis l’hiver dernier et devait se poursuivre bientôt pour les équipes techniques du film qui se déplaceront à l’usine du Fouledh qui prête son nom au documentaire.
Le réalisateur dit avoir opté pou des séquences de “silence et de méditation ” qui autrement font office de personnages à part. Fouledh questionne plutôt “le langage cinématographique”.
Il promet un documentaire conçu selon une technique de tournage particulière qui ” diffère de ce qui est pratiqué dans des documentaires se rapprochant de ceux réalisés pour la télévision”.
Deuxième expérience dans le genre de long métrage de fiction après celle de “Tala Mon amour”, ” Fouledh ” est sélectionné dans la Fabrique du cinéma dans la section Cinémas du Monde, destinée aux films en cours de réalisation, en phase de tournage ou de développement.
Le réalisateur se réjouit d’un effort récompensé dans la fabrication de son film qui figure dans “une large sélection de près de 200 films, dont dix uniquement sont retenus”.
Réalisateurs et producteurs sont invités pendant 10 jours à Cannes pour travailler en étroite collaboration avec la réalisatrice indienne, Mira Nair, première cinéaste indienne à remporter, en 1988, une Caméra d’or à Cannes.
Deux séances de travail et un masterclass avec la marraine sont programmées. Au terme de séances de visionnage de séquences, elle leur donne les conseils utiles pour une meilleure copie finale. A cela s’ajoute plus de 200 rendez-vous individuels avec les producteurs et vendeurs du film, des rencontres collectives avec des acteurs clés de l’industrie du film et un atelier de formation au pitch.
“Fouledh” est réalisé en coproduction entre Moufida Fedhila, réalisatrice et productrice, et plusieurs autres partenaires de Tunisie, de la Norvège, d’Allemagne ou de France. Côté production, le film est subventionné par divers organismes dont le Centre national du Cinéma et de l‘image (CNCI).
Le réalisateur parle d’un film voyageur “entre fonds et ateliers, avant sa récente sélection à Cannes”. Rejoindre la sélection cannoise de la Fabrique du Cinéma constitue ainsi la fin d’un long parcours de développement, avant de pouvoir “se retrouver à nouveau à Cannes en 2020”.
Sa réalisation était un pari pour Hmili devant “un film assez exigeant dans le choix des plans de coupe, l’image, le design du son et le mouvement des ouvriers au sein de l’Usine”. Selon lui, entre étapes de tournage et de montage, ainsi que de mixage et de son, deux écritures cinématographiques se font. Une fois s’achève la réalisation et toutes les étapes de montage, les films seront projetés à Cannes.
Bénéficier du soutien de producteurs étrangers, n’a jamais été un souci pour Hmili qui estime que sa collaboration avec ses partenaires financiers émane de “leur conviction de son projet, sans contrainte aucune dans la conception du documentaire”.
Cette collaboration rentre dans la logique d’une “vision assez rapprochée” avec celle de ses partenaires, pour une œuvre qui se situe dans le genre du “cinéma d’expérimentation, assez exigeant “.
Le film bénéficie d’un “budget assez élevé qui est à 80 pc clos, pour un documentaire”, compte tenu des conditions de tournage assez difficiles à l’intérieur de l’Usine ce qui exige de tourner avec une caméra spécifique et tout ce qui suit dans l’étape du montage et d’étalonnage du film. Une bande originale du film inspirée du bruit des machines à l’usine sera aussi conçue.