Le porte-parole du gouvernement, Iyed Dahmani a annoncé, jeudi, l’adoption d’un programme spécifique en faveur du secteur de la santé publique, fruit des recommandations issues du dialogue participatif sur les défis et mesures urgentes visant la remise à niveau du secteur.
Annoncé à l’issue d’un conseil ministériel présidé, jeudi matin, par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, ce programme s’articule autour de six axes: le financement du secteur, les équipements médicaux et la maintenance, les médicaments et les dispositifs médicaux, la gouvernance et la numérisation du secteur et la lutte contre la corruption, le renforcement des ressources humaines et la santé hospitalière.
Pérennité financière du secteur
Il a été décidé d’allouer une enveloppe additionnelle de près de 100 millions de dinars au fonds d’appui à la santé publique.
Ce fonds a pour objectif de prendre en charge les frais des prestations hospitalières pour les détenteurs du carnet de soin gratuit et les bénéficiaires des cartes à tarif réduit.
Il sera question aussi de régler une partie des dettes des établissements publics envers la pharmacie centrale (200 millions de dinars) et de soumettre, le 10 avril prochain, le projet de loi sur la réforme des caisses sociales à l’Assemblée de Représentants du Peuple (ARP).
Equipements médicaux et maintenance
Iyed Dahmani a indiqué qu’une enveloppe de 107 millions de dinars sera mobilisée pour l’acquisition d’équipements médicaux programmés au titre de 2016, 2017 et de 2018 (22 millions de dinars) et à la publication d’appels d’offres relatifs à l’achat de matériel médical (85 millions de dinars).
Il sera question également de mobiliser des ressources annuelles destinées à la maintenance des équipements lourds et la mutualisation des moyens entre les hôpitaux.
Médicaments et dispositifs médicaux
Dahmani a annoncé le démarrage, en avril 2019, des travaux du projet “Ville “Al-Dawa 2” à El Agba relevant du gouvernorat de la Manouba, expliquant que ce projet permettra à la Pharmacie Centrale d’accroître sa capacité de stockage des médicaments, et son aptitude à hisser les réserves en médicaments et à approvisionner le secteur de la santé.
Il s’agira aussi de généraliser l’expérience de l’hôpital Habib Thameur en matière de distribution automatique et sécurisée des médicaments, tant elle a permis d’exercer un contrôle sur le coût des médicaments, atteignant les 30% du budget total alloué.
Il a, par ailleurs, indiqué que le dossier de la Société des Industries Pharmaceutiques de Tunisie (SIPHAT), sera soumis à la Commission d’assainissement et de restructuration des entreprises à participation publique (CAREPP).
Gouvernance, numérisation et lutte contre la corruption
Dahmani a déclaré qu’une enveloppe de 80 millions de dinars sera consacrée à la modernisation du système des données hospitalières, en plus du démarrage imminent du projet de médecine à distance aux hôpitaux de la Rabta, Habib Thameur, Jendouba, Tozeur et au Centre de traumatologie et des grands brûlés à Ben Arous.
Il a, aussi, annoncé l’adoption du système de gestion à distance des rendez-vous, à partir d’avril 2019, dans 12 établissements sanitaires, pour ensuite la généraliser sur la totalité des structures sanitaires à partir du mois de juillet 2019.
L’infrastructure informatique serait mise en place dans 600 centres de santé de base (dispensaires) au cours de l’année 2019 pour généraliser l’expérience sur les autres structures de santé au cours des années 2020 et 2012, moyennant une enveloppe de 15 millions de dinars.
D’autre part, il a fait savoir que le gouvernement vient d’approuver le projet de loi sur la protection des patients et sur la responsabilité médicale.
Il a déclaré qu’une école nationale de santé publique sera créée dans l’objectif de hisser les compétences des professionnels de la santé. et dont les textes réglementaires seront élaborés avant la fin de 2019, en plus de l’instauration, les après-midi, d’un système de consultations externes dans les hôpitaux et les dispensaires.
Renforcement des ressources humaines
Le porte-parole a annoncé l’ouverture de 2000 nouveaux postes au titre de 2019. L’objectif étant de combler les postes vacants notamment au sein des services classés “prioritaires”.
En outre, une étude visant à fixer les normes des ressources humaines et des établissements hospitaliers et les structures de santé sera prochainement menée. Une autre étude sur le système de facturation électronique sera réalisée.
Hygiène hospitalière
Dahmani a assuré qu’une enveloppe portée à 35.5 millions de dinars sera allouée à trois projets. Le premier concerne la mise en place d’une centrale de traitement d’air dans les blocs opératoires du CHU Habib Bourguiba de Sfax, du CHU Charles Nicolle et de l’hôpital régional Mohamed Taher Maamouri de Nabeul.
Le deuxième projet concerne la réhabilitation de 10 chambres blanches dans les services de néonatologie de plusieurs établissements (le centre de maternité et de néonatologie, le CHU Charles Nicolle, le CHU Aziza Othmana, l’hôpital Mongi Slim de la Marsa, l’hôpital régional Habib Boukatfa de Bizerte, l’hôpital régional Mohamed Tlatli de Nabeul, le CHU Hédi Chaker de Sfax, le CHU Fatouma Bourguiba de Monastir, le CHU Farhat Hached de Souse et le CHU Taher Sfar à Mahdia).
Le troisième projet prévoit de doter 10 hôpitaux publics d’équipements de stérilisation.
De plus, le porte-parole du gouvernement a fait savoir que le projet de traitement des déchets hospitaliers dangereux sera généralisé aux 12 gouvernorats restants, moyennant un coût de 10 millions de dinars.
Vendredi dernier, un dialogue participatif sur les défis et mesures urgentes en faveur du secteur de la santé publique a été organisé par le chef du gouvernement suite au décès de 15 nourrissons au centre de maternité et de néonatalogie du CHU la Rabat. Cette rencontre qui a rassemblé plus de 400 professionnels du secteur a débouché sur une série de recommandations visant la réforme du secteur et qui ont servi à l’élaboration de ce programme.