La dernière période a été marquée par l’émergence de plusieurs coalitions civiles ou partisanes qui envisagent de participer aux prochaines élections.
Elles comptent en leur sein des personnalités familières à l’action partisane et d’autres ayant rejoint la société civile après 2011. Pour ne citer que “Mouwatinoun” (Citoyens), ” Noucherek (Nous participons) ou encore “Kadiroun” (Nous en sommes capables).
Tout en s’inspirant de la victoire remarquable obtenue par les listes indépendantes lors des élections municipales, ces personnalités se proposent comme alternatives à l’échec des partis au pouvoir et certaines composantes de l’opposition à réaliser les aspirations des électeurs et les objectifs de la révolution.
Le politologue Abdellatif Hanachi distingue entre les coalitions partisanes composées exclusivement de partis politiques et les coalitions partisanes et civiles qui comportent, en plus de militants de partis, des personnalités indépendantes, outre les collectifs des associations de la société civile.
“Ces coalitions, qui misent toutes sur les prochaines élections, se diffèrent par leurs méthodes de travail et la manière de présenter leurs programmes aux électeurs”.
Selon l’expert, les coalitions doivent se rendre à l’évidence qu’elles ne bénéficient pas des mêmes atouts dont disposaient les listes indépendantes lors des municipales de mai 2018.
Et pour cause, les listes candidates aux municipales formaient des groupes de personnes connues dans leurs régions respectives et évoluaient dans un périmètre géographique restreint avec des programmes locaux sollicitant de très près les électeurs.
Par contre, les présentes coalitions qui se préparent pour les élections de 2019 sont appelées à atteindre un spectre d’électeurs plus large.
De plus, elles regroupent des personnalités ayant acquis une certaine notoriété et d’autres totalement inconnues de l’électorat.
Il a aussi fait observer que le rayonnement géographique de ces coalitions ne couvre pas tout le territoire puisqu’elles sont, pour la plupart concentrées dans la capitale et les grandes villes, en particulier les régions du Sahel et que leurs ressources financières restent limitées.
Parmi les autres raisons qui pourraient compromettre les chances de ces coalitions lors des prochaines élections, Abdellatif Hanachi a cité la présence de personnalités ayant, dans le passé, échoué en politique et perdu toute crédibilité auprès des électeurs.
Pour lui la crédibilité de ces coalitions est compromise par leur attachement à un seul et unique objectif qui consiste à combattre le mouvement Ennahdha, négligeant l’impératif de s’organiser et d’élaborer minutieusement leurs programmes afin de convaincre les électeurs.
L’activiste politique Naziha Rjiba, membre fondateur du collectif “Citoyens” (Mouwatinoun) n’a pas caché que l’objectif de cette initiative est de participer aux élections législatives pour présenter une nouvelle alternative politique. Cette initiative vise à mobiliser les Tunisiens qui n’appartiennent à aucun parti politique et ceux déçus par les personnes qu’ils ont élues.
Pour l’activiste politique, dans les prochaines élections législatives se joue l’avenir du pays.
“Citoyens” tend à consacrer l’idée du changement par les urnes et non par les protestations, a-t-elle insisté dans une déclaration à l’Agence TAP, tenant à préciser que ce collectif qui réunit des patriotes loyaux sera ferme dans le choix des personnes qui vont le représenter aux législatives.
Membre du Collectif “Noucherek”, l’historien et activiste Alaya Seghaier estime que rien ne peut empêcher la société civile tunisienne qui a toujours été une force de pression et de proposition poussant vers le changement, à participer aux prochaines législatives.
Il a fait remarquer que du fait de son éparpillement et de son faible poids en termes de concurrence, l’on peut ne pas compter sur l’opposition.
**Et d’ajouter que les Tunisiens peuvent revivre l’expérience des municipales de mai 2018 au cours desquelles les indépendants ont récolté 44 pc des voix, à travers des listes indépendantes composées de personnalités nationales connues pour leur compétence et leur loyauté.
“Nous participons” a été annoncé officiellement le 5 mars en cours avec pour objectif d’unifier les rangs des indépendants et toutes les compétences et les activistes de la société civile et de les rassembler autour d’un projet alternatif.
Le collectif compte participer aux législatives par des listes communes et à récupérer les électeurs qui ont voté lors des dernières municipales pour des indépendants.
De son côté, le coordinateur général de la coalition politique “Kadiroun” Mahmoud Ben Romdhane a souligné l’intention des membres de cette initiative lancée le 17 mars 2019, de remédier au vide politique et de rétablir l’équilibre de la scène nationale.
Car, selon lui, Nidaa Tounès est en état de déliquescence et l’initiative du chef du gouvernement “Tahya Tounès” est dépourvue de toute crédibilité dans la mesure où elle se nourrit des moyens de l’Etat pour servir des ambitions électorales, sans aucun programme ou vision.