Plusieurs partis et organisations nationales ont exprimé leur “surprise et dénonciation” après la décision du juge d’instruction du tribunal de première instance de Tunis d’interdire l’émission télévisée “Quatre faits” sur la chaîne Al Hiwar Ettounsi consacrée à l’affaire de la mort des nourrissons dans une maternité de Tunis et la rediffusion d’une autre émission sur la même affaire sur la chaîne “Carthage +”.
La Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH) a estimé que la décision du juge d’instruction “cible la presse, les journalistes, la liberté d’opinion, de pensée, d’expression, les médias et la publication, et leur impose une censure violant les dispositions de l’article 31 de la Constitution de la Deuxième République”.
Pour la LTDH une “telle ingérence constitue une transgression et une annulation du rôle de la Haute Autorité Indépendante de Communication audiovisuelle (HAICA) qui a exclusivement le rôle de contrôler les chaînes de télévision et de radio sur le respect des lois et règlements en vigueur “.
Le Parti du courant démocratique a estimé inconstitutionnelles ces décisions “étant donné qu’elles constituent un contrôle préventif de la liberté d’expression et d’information, un déni du droit des Tunisiens à accéder aux informations et à discuter de la politique de la santé dans leur pays”.
Pour sa part, le parti Affak Tounes exprimé sa surprise devant l’interdiction de diffuser une émission télévisée dans “le cadre d’une censure anticipée, avant que l’opinion publique ait pris connaissance de son contenu, ce qui constitue un précédent dangereux”. Il a appelé les juges à adopter la liberté “comme principe et la prévention comme exception” et à éviter toute ingérence dans la presse, libre et indépendante.
Le parti Al Joumhouri a estimé que cette décision constituait une “violation de la liberté des médias garantie par la Constitution”, ainsi que le droit naturel des Tunisiens à être informés sur ce drame, ” d’autant plus que l’épisode couvert par la décision d’empêcher la retransmission ne comprenait pas ce qui pouvait être considéré comme une question de confidentialité ou la divulgation de secrets judiciaires”.
Il a réaffirmé son soutien à la liberté des médias, de la publication et de l’expression, et sa solidarité avec les blogueurs “contre la campagne systématique les visant sans justification légale”, soulignant le danger des tentatives des “cercles dirigeants de faire mainmise sur les médias et de les guider”.
Le Parti alternatif tunisien a qualifié aussi de “précédent dangereux” l’interdiction de la diffusion de l’enquête télévisée, estimant qu’elle constituait “un retour à la censure des médias, une menace à la liberté d’information et d’expression”, réaffirmant son attachement aux garanties d’indépendance et de liberté des médias et son soutien à toutes les structures professionnelles, à la société civile et à toutes les forces progressistes du pays qui défendent cet acquis et rejettent toutes les formes et tentatives de restreindre les médias et le droit des Tunisiens”.