Le député du parti Ennahdha, Abdellatif Mekki a appelé, vendredi, à éviter “la diabolisation des cadres médicaux et paramédicaux”, sur fond de détérioration de la qualité des services dispensés par le système de santé publique.
Intervenant lors de sa participation au dialogue national sur la santé, initié par l’Institut tunisien des études stratégiques, l’ancien ministre de la Santé à l’époque de la troïka (2011/2014), a exhorté toutes les parties à “ne pas se livrer à des règlements de compte contre les agents et les cadres médicaux”, dans le cadre du traitement des dossiers liés à la détérioration des services dans les établissements de santé publique, selon ses propos.
Il a indiqué à cet effet que le secteur de la santé publique s’apparente plus à “une chance perdue mais rattrapable”, soulignant que la Tunisie peut encore générer des revenus provenant de l’activité sanitaire, à travers les prestations de soins dispensées aux étrangers venus se faire soigner dans le pays, l’exportation de son expertise en matière de formation et l’industrie pharmaceutique.
“Derrière la détérioration de la qualité des services sanitaires, se trouvent les mutations socio-économiques du pays”, a-t-il dit, soulignant que les deux dernières décennies en Tunisie, ont été marquées par un accroissement des coûts des maladies chroniques, cause directe d’environ 31% des décès, provoquant par là même, une augmentation des dépenses liées aux médicaments.
Mekki a par ailleurs insisté sur la nécessité d’effectuer un travail de prévention auprès du citoyen et de le sensibiliser à la nécessité d’adopter un mode de vie plus sain afin de réduire les coûts de soins, soulignant la nécessité de pourvoir les établissements sanitaires en ressources humaines, afin de promouvoir la qualité des services.
Pour sa part, le Directeur général de l’Institut tunisien des études stratégiques, Naji Jalloul, a déclaré que le secteur de la santé publique en Tunisie est confronté à plusieurs problématiques, dont notamment “le manque de médecins spécialistes et d’équipements, ainsi que la pénurie des médicaments, écoulés sur des couloirs de trafic parallèles et illégaux”, selon lui.
Jalloul a conclu que les difficultés dont souffre le secteur sanitaire, sont dues, principalement à un problème de financement, dans un contexte marqué par l’endettement croissant des caisses sociales et des hôpitaux, a-t-il dit. Parmi les raisons qu’il a, également, évoquées figure la stagnation du système de gouvernance des entreprises, appelant à la numérisation des transactions des services de santé afin de garantir l’équilibre financier des hôpitaux.