La célébration du VIIIe anniversaire de la Révolution revêt une signification particulière, à Gafsa où la révolte du bassin minier de 2008 est considérée comme le “berceau de la Révolution”, pour avoir provoqué la première rupture psychologique avec le régime répressif de Ben Ali et préparé à son agonie.
Les résultats du concours de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) entachés d’irrégularités avaient, alors, déclenchés la colère des chômeurs à travers les délégations de Mdhilla, Redeyef, Metaloui et Oum Larayes. Soutenues par la population, les protestations se sont poursuivies durant plusieurs mois (janvier-juin 2008) bravant la répression qui a fait quatre martyrs et plusieurs blessés et conduit à la prison des syndicalistes et des activistes.
Onze années après les événements du Bassin minier et 8 années après la Révolution du 17 décembre 2010-14 janvier 2011, les protestations sporadiques, contre le népotisme, le chômage, la marginalisation et l’absence de projets de développement, n’ont jamais cessé, conduisant à une paralysie complète de l’activité du phosphate, à plusieurs reprise, et une baisse de la production au tiers (environ 3 millions de tonnes de phosphate en 2018, contre 9 millions en 2010).
Ahmed Radadi, ancien prisonnier de la révolte du bassin minier de 2008, originaire de Redeyef, estime dans une déclaration à l’agence TAP, que dans toutes les délégations de Redeyef, Oum Larayes, Metlaoui et Mdhilla, ” rien n’a changé… ou pire “. Car pour lui, la situation s’est aggravée au niveau de l’infrastructure routière et du service public. Le chômage a augmenté, sans compter la baisse de la production de phosphate, à cause des blocages des routes par les mouvements de protestation des sans emploi.
Depuis 2011, la Compagnie de phosphate n’a pas dépassé 6 mois d’activité continue, fait-il remarquer. Les résultats définitifs de la quatrième tranche du concours de 2016 pour le recrutement de 1700 agents d’exécution ne sont toujours pas annoncés par la CPG. Pour Radadi, seuls un dialogue sérieux avec les protestataires et une implication sociale de la Compagnie des phosphates de Gafsa peuvent endiguer la crise.