Pour avoir un visa auprès des services consulaires de l’Italie, c’est devenu la croix et la bannière ! Tout d’abord, ne comptez surtout pas sur des visas longue durée à l’instar de la France. A chaque fois que vous comptez partir dans ce pays, l’un des plus beaux au monde, pour des raisons professionnelles ou pour faire du tourisme, vous devez re-déposer une nouvelle demande de visa avec ce qui s’en suit comme paperasses, formalités et argent ! Les visas sont généralement de courte durée ne dépassant pas, dans le meilleur des cas et pour la plupart des demandeurs, une année.
Mais ce n’est pas le plus dur à supporter ou le plus humiliant pour les «indigènes» que nous sommes, issus d’un pays du Sud de la Méditerranée qui fut un temps une grande civilisation, une Carthage incendiée par Rome pour y faire disparaître tout souffle de révolte ! Ce fut un temps !
Depuis mai 2017, le consulat italien exige des parents, qui partent en vacances avec leurs enfants, leurs certificats de naissance et ceux de leurs enfants délivrés par les municipalités, authentifiés une première fois dans les sièges des gouvernorats et ensuite par les services du ministère des Affaires étrangères tunisien.
C’est dire à quel point la confiance règne ! Cette mesure serait-elle justifiée par le fait que les services consulaires italiens n’ont plus confiance en l’authenticité des papiers officiels délivrés par les services municipaux tunisiens ? Anticipaient-ils déjà sur le parti qui allait remporter les municipales de 2018? Et comment se fait-il que les autorités tunisiennes n’ont pas réagi à ce camouflet venant de la part d’un pays voisin très présent sur notre territoire, à tous les niveaux et toutes disciplines et activités confondues ?
167.176 Tunisiens résident en Italie, arrivant très loin derrière la communauté marocaine installée en Italie (510.450) et la Roumanie (1.151.395). Les services consulaires sis dans ces pays agissent-ils de la même manière avec eux qu’avec les Tunisiens ?
Ces Tunisiens reçoivent les membres de leurs familles et se déplacent souvent dans leur pays d’origine. Leurs visiteurs ont très souvent besoin de visas et en payent le prix, tout comme la communauté d’affaires d’ailleurs.
D’après un article publié au mois de juin 2018 sur Jeune Afrique, l’Italie est aujourd’hui le principal partenaire commercial de la Tunisie, devançant la France. En 2015, le volume des échanges commerciaux entre la Tunisie et l’Italie s’élevait à 5 milliards d’euros.
Depuis, ce chiffre n’a pas été actualisé sur le site du ministère du Commerce tunisien, mais toujours est-il qu’il prouve que l’Italie est un partenaire commercial de taille pour notre pays.
Face à la qualité des relations économiques entre nos deux pays, nous ne pouvons que nous étonner de pareille réaction du gouvernement italien quant à la libre circulation des personnes qui ne figure pas encore sur l’agenda de la CE, et surtout par le fait de remettre en question des documents officiels issus des administrations tunisiennes et ce jusqu’à exiger qu’ils soient certifiés par le MAE.
Reste que le plus surprenant est le mutisme des autorités officielles tunisiennes ! Aucun ministère n’a réagi, ni celui de l’Intérieur duquel dépendent les gouvernorats, ni celui des Affaires locales duquel dépendent les municipalités, ou encore le ministère des Affaires étrangères qui voit sa charge de travail augmenter.
Ce qui s’est passé en Tunisie en décembre janvier 2010/2011 et que beaucoup ont baptisé printemps arabe ne nous aurait-il apporté que des humiliations ?
Amel Belhadj Ali