Environ dix mille personnes se sont rassemblés, jeudi, devant le siège de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), selon une source sécuritaire, à l’appel de l’Union Générale Tunisienne du Travail pour réclamer des augmentations salariales dans le secteur de la fonction publique, en grève toute la journée.
“Vive l’UGTT, vive Hached”, “Les augmentations sont une nécessité”, “Emploi, liberté et justice nationale”, “Le pays n’est pas à vendre”, “le peuple pour une grève générale nationale”, scandaient les milliers de manifestants qui ont investi la place de Bardo.
Ils brandissaient des drapeaux de la centrale syndicale et des pancartes appelant à la nécessité de préserver les secteurs de la santé publique et de l’éducation.
Un important dispositif sécuritaire a été déployé pour encadrer ce mouvement qui a fait l’objet d’une large couverture médiatique locale et internationale.
Un nombre important de députés de divers courants politiques dont Samia Abbou du Courant Démocratique, Ahmed Seddik et Mongi Rahoui du Front Populaire ont rejoint ce rassemblement qui a précédé par une grève générale avec présence sur les lieux du travail.
Pour Zouheir Maghzaoui du mouvement Echâab (Le peuple), cette grève est “légitime” et intervient en signe de protestation contre la dégradation du pouvoir d’achat.
Elle intervient également, selon lui, “pour défendre la souveraineté nationale qui demeure aujourd’hui menacée par le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale qui dictent au gouvernement les politiques à suivre”.
“Les députés font front aujourd’hui avec la centrale syndicale contre le gouvernement pour défendre les droits du peuple”, a-t-il souligné.
Ahmed Seddik du Front Populaire a exprimé le soutien sans faille de son bloc parlementaire à l’UGTT, estimant que “les salariés du secteur de la fonction publique sont devenus incapables de faire face à la hausse des prix”.
De même, la député de Nidaa Tounes, Ons Hattab a affiché le soutien de son bloc à cette grève qui intervient, selon elle, “pour dénoncer l’échec des politiques gouvernementales”.
“Le peuple est en train d’assumer aujourd’hui les conséquences de cette politique de fuite en avant”, a-t-elle critiqué, déplorant la dépréciation du dinar et l’augmentation du taux d’inflation qui a atteint 7.8%.
De son côté, le député du mouvement Ennahda, Nourredine Bhiri qui s’est exprimé à l’issue d’une réunion avec les présidents des blocs parlementaires, a insisté sur le principe du dialogue comme seul moyen pour surmonter cette crise.
Plutôt dans la journée, le secrétaire général adjoint de l’UGTT a déclaré à la TAP, avant le départ des membres du bureau exécutif de la centrale syndicale à la place du Bardo, qu'”il est fort possible de décider une grève générale nationale dans la fonction publique et le secteur public, lors de la réunion de la commission administrative prévue ce samedi”.
Le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi s’est dit, quant à lui, prêt à engager des mesures d’escalade.
En réaction à ce rassemblement et à cette grève dont le taux de participation a atteint 95% (source syndicale), le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, a déclaré à la TAP que son gouvernement est attaché au dialogue comme unique moyen pour aboutir à un accord. Il a expliqué que le taux de majoration salariale et son effet d’application sont les principaux points de discorde entre le gouvernement et l’UGTT.
Peu avant ce rassemblement, quelque 670 mille employés de la fonction publique ont observé ce jeudi matin une grève avec présence sur les lieux du travail.
Décidée le 20 septembre dernier par la commission administrative de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et maintenue suite à l’échec des négociations avec le gouvernement, cette grève a touché tous les départements ministériels ainsi que les administrations centrales et régionales à l’exception des services d’urgence des hôpitaux publics et du secteur du transport.