Pour la deuxième année consécutive, le réalisateur syrien Joud Said affiche son retour aux JCC, avec un nouveau long-métrage “Le voyage inachevé” en lice dans la compétition officielle “Longs-métrages Fiction” des Journées Cinématographiques de Carthage 2018. Trois questions ont été posées par l’agence TAP à cet habitué des JCC, une occasion pour Joud Said de parler de sa relation avec le public tunisien, de sa nouvelle fiction “Le voyage inachevé” et sa perception esthétique du cinéma.
Vous êtes un habitué des JCC. Pouvez-vous nous en parler de cette relation qui vous noue avec ce festival?
Mon film “Le voyage inachevé” est ma quatrième participation aux JCC. Ma première expérience était avec mon premier court métrage “Monologue” en 2007 puis j’ai participé avec mon long métrage “Encore une fois” (2009). L’année dernière, mon long-métrage “Pluie de Homs” (2017) a été sélectionné dans le cadre de la compétition officielle des JCC2017. J’estime qu’il existe un lien particulier entre le public tunisien et l’image artistique syrienne d’où cette relation forte et unique que je détecte lors de mes rencontres avec le public tunisien durant les JCC.
Quelle est la différence entre “La pluie de Homs” et “Le voyage inachevé” qui abordent tous les deux le thème de la guerre?
La différence entre les deux films réside dans l’approche esthétique du sujet de la guerre. Dans ma fiction “La pluie de Homs”, je pars de la réalité en évoquant le quotidien des citoyens syriens pendant le siège de la ville de Homs. Dans “le voyage inachevé” je pars du monde onirique pour parler de la réalité. Dans ce film, je suis allé dans le monde de la parodie et du romantisme pour évoquer le désir d’un monde meilleur porté par les personnages mais aussi porté par chacun de nous. “Le voyage inachevé” raconte l’histoire d’un fonctionnaire qui prend sa retraite et quitte la ville d’Alep pour aller réaliser son rêve (faire un élevage de poisson) dans son village natal. Dans ce film le rêve est un moyen pour faire voyager le personnage mais aussi le spectateur.
Quelle est la relation que vous nourrissez avec vos films?
Pour moi le rôle de l’art en général et la fiction en particulier est de poser les interrogations qu’on évite d’évoquer dans notre vie quotidienne. C’est mettre les projecteurs sur les coins les plus sombres de notre existence. Quand je fais un film, je le fais tout d’abord pour mon plaisir, celui de mon âme en essayant de le transmettre au public …à travers mes films, j’aime dégager les émotions sur les visages des spectateurs, les faire échapper de leur vie pendant deux heures en les ramenant dans un voyage comme je le fais avec mes personnages. Pour moi, les personnages comme les spectateurs sont “les voyageurs de mon film”.