Quand la guerre sonne son glas, celui qui paiera le prix en premier serait le plus faible, parfois même les plus forts ne sortiront pas indemnes. Cela dit, les séquelles de la guerre restent une blessure inguérissable. C’est autour de cette fatalité des conflits armés en Afrique centrale et partout ailleurs dans le monde que tourne l’idée du film “La Miséricorde de la Jungle” (The Mercy of The Jungle) du réalisateur rwandais Joël Karekezi.
Ce drame de 90 minutes sorti en 2018 a été projeté mardi au théâtre des régions à la cité de la Culture. Il est en course pour l’un des trois grands Tanits de la compétition officielle des longs métrages de fiction aux Journées cinématographiques de Carthage (JCC) 2018.
Porté par deux acteurs principaux (Marc Zinga et Stéphane Bak), le film dessine les sombres contours des conflits armés en Afrique durant la seconde guerre congolaise. Une guerre qui renvoie à l’implication de nombreuses milices “hutu” et “tutsi” dans des atrocités sur les civils et les déplacés des pays voisins touchés par le conflit en Afrique centrale.
Tous les événements du film se passent au coeur de la Jungle du Kivu, une jungle meurtrière, où le réalisateur suit le parcours périlleux de deux soldats le sergent Xavier et le soldat Fustin.
Séparés de leur bataillon, ce duo va enlever son uniforme et suivre son instinct pour survivre aux dangers qui le guette au beau milieu de la nature et des rebelles des troupes ennemies qu’ils risquent de croiser à tout bout de chemin.
Tous deux soldats affectés à l’armée régulière congolaise, Xavier et Fustin sont comme des milliers d’autres soldats congolais qui ont du vivre l’enfer de la guerre. Ils étaient dans les montagnes du Sud de la région Kivu quand ils avaient été la proie à une offensive des troupes adverses.
Xavier vétéran rwandais et Faustin issu d’un milieu paysan congolais suivent le chemin de survie parsemé d’embûches dont le plus dangereux reste celui des rebelles qui encerclent la jungle. Ils errent la nuit pour dormir au milieu des sons animaliers jusqu’au lendemain où ils arrivent au pied de chutes d’eau pour se laver.
Guidés par une simple boussole, ils essayent de fuir l’enfer d’une situation qui n’est toujours pas plus pénible que les souvenirs des petits innocents- tués lors du génocide du Rwanda-qui hante la mémoire de Xavier. Ayant grandi dans un camp, il se souvient de sa femme morte enceinte, convaincu que tout ce qui est passé à sa famille est une punition divine.
Au milieu des confidences qui ressurgissent de temps à autre sur le long chemin de la fuite d’une jungle réellement sans mercie, chacun apprend à connaître l’autre. Fustin ce jeune paysan chétif qui avait perdu toute sa famille dans le génocide, vit dans l’espoir de revoir sa femme et son enfant qu’il a dû quitter pour rejoindre l’armée pour un salaire misérable.
Les deux soldats se partagent un passé douloureux dont chacun essaye de surpasser au milieu d’une guerre qui n’avait pas l’air de finir aussitôt. Ils on du traverser des distances considérables, subir la faim et le danger des gorilles qui peuplent la forêt mais aussi la maladie…pour enfin sortir du calvaire.
Le film est un concentré d’évènements successifs qui rendent le spectateur de plus en plus curieux de connaitre le sort des deux héros qui se partagent la route et la même douleur d’un conflit qui les dépasse. Mais la fin du voyage de termine sur la séparation du duo une fois arrivé auprès de leurs troupes à Kabinda.
Côté visuel, le danger de la montagne ne cache pas la beauté d’un cadre bien filmé dans des scènes spectaculaires en plan large qui donne envie de se projeter en dépit de tout dans les lieux.