” Réduire l’égalité entre l’homme et la femme dans la question de l’héritage est une fausse problématique exploitée pour servir des intérêts électoraux à la veille des élections présidentielles de 2019 “, a souligné vendredi Abdelmajid Ezzar, président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP).
S’exprimant lors d’une conférence maghrébine organisée à Tunis à l’initiative de l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT) sous le thème : ” quel rôle pour les femmes dans la gestion des affaires locales ? “, Ezzar a indiqué que la question de l’égalité dans l’héritage ne devrait pas être posée en ce moment puisque l’égalité réelle qu’il faut appliquer actuellement c’est dans la rémunération équitable dans le domaine professionnel notamment dans le secteur privé, la garantie de la couverture sociale et l’amélioration des conditions des femmes au travail essentiellement dans le secteur agricole.
Dans ce contexte, il a signalé que 65% des femmes qui travaillent dans le secteur agricole sont des femmes et elles fournissent beaucoup d’efforts dans des conditions difficiles sans que leurs droits les plus élémentaires ne soient garantis.Beaucoup de femmes ont été victimes d’accidents de la route alors qu’elles se déplaçaient dans des camions pour aller travailler, a-t-il rappelé.
Ezzar a mis l’accent sur la nécessité de sensibiliser la société à l’importance du rôle de la femme qui est porteuse d’idées et dont les compétences dépassent parfois les hommes et c’est de cette manière que l’égalité réelle sera concrétisée, selon lui.
De son côté, Samir Cheffi, secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail tunisien (UGTT) a souligné que l’organisation syndicale restera fidèle à ses principes dont la garantie de l’égalité totale entre l’homme et la femme et la consécration des droits des femmes aux niveaux civil, social, et économique.
” L’UGTT continuera à plaider en faveur de l’égalité, la liberté et la justice sociale dans le cadre d’une approche sociale et culturelle adaptée au développement de la société afin que la Tunisie reste le modèle “, a-t-il soutenu.
Cheffi a, en outre, souligné que l’UGTT dénonce le discours de la haine et appelle au lancement d’un débat constructif, sérieux et calme sur toutes les questions qui intéressent la société.
S’exprimant à l’ouverture des travaux de la conférence maghrébine, Radhia Jerbi, présidente de l’UNFT a réaffirmé le soutien de l’organisation à la commission des libertés individuelles et de l’égalité et son rejet au discours de la haine qui vise à séparer la société.
” L’égalité totale a été inscrite dans la constitution tunisienne de 2014 qui a été adoptée presque à l’unanimité et il n’est pas logique qu’on s’oppose aujourd’hui à sa mise en application “, a-t-elle indiqué.
Radhia Jerbi a ajouté que la société tunisienne a accepté le pluralisme politique et il faut qu’elle accepte également le pluralisme culturel et idéologique.
” Il est grand temps qu’on s’accepte tous avec nos différences pour avancer et qu’on arrête les accusations et la diabolisation des autres “, a-t-elle signalé.
Par ailleurs, la présidente de l’UNFT a souligné l’importance d’unifier les actions tant au niveau national entre les différentes organisations qu’au niveau maghrébin pour améliorer la position de la femme dans la société et garantir tous ses droits.
A rappeler que l’égalité totale dans l’héritage a été l’une des principales recommandations mentionnées dans le rapport publié le 12 juin dernier par la commission des libertés individuelles et de l’égalité et qui a suscité une grande polémique entre ceux qui approuvent l’idée et ceux qui sont contre et estiment qu’elle s’oppose aux dispositions de la charia.