Lettre ouverte à monsieur le ministre de la Santé

Monsieur,
Depuis la misérable révolution en 2011, la santé, que vous connaissez très mal, n’est malheureusement plus publique.
En effet, le secteur public est en perpétuel mode de survie sur tous les plans : manque de moyens, de personnel médical et paramédical, structures délabrées et insalubres, manque de médicaments et de matériels flagrants, départs à la retraite et à la coopération non remplacées dans un secteur aussi vital que l’éducation et la sécurité nationale et pendant ce temps là, le ministère que vous êtes supposés gérer joue aux abonnés absents.
Sinon comment expliquer, entre autres, les multiples cris de détresse lancés par les différents chefs de service sur tout le territoire pour sauver leurs services et par suite leurs malades d’un désastre certain. Leur combat est celui de la vie, de l’espoir, c’est aussi celui de leur amour pour l’hôpital public qui les a formé et permis de graduer les différents échelons; cet amour, ils le payent de leur santé mais pour combien de temps encore.
Le dernier cas en date est celui du service de néonatologie, qui est à une bouchée de mètres de chez vous, où son chef mène un combat quotidien,comme tous ses confrères un peu partout, pour diriger un service qui devient ingérable et pour causes: des départs en privé et en coopération, des mutations de complaisance non remplacées, un arrêt maladie et des départs en vacances, un personnel paramédical réduit, un manque flagrant de moyens où on est obligé en RÉANIMATION, de mettre 2 voire 3 nouveaux-nés dans une même couveuse et où on hospitalise 3 fois la capacité d’accueil rien que parce que la maternité fait un peu plus que 15.000 accouchements par an.
Alors monsieur le ministre, vous pensez réellement qu’on est entrain de prodiguer les meilleurs soins à ces patients qui parmi eux se trouve certainement un futur ministre, chef de gouvernement ou même un futur président de la république.
Moi je pense que si chacun fait de son mieux pour donner les meilleurs soins, qu’on est entrain de sauver des vies humaines aux dépens de sa santé et de sa famille mais pour combien de temps encore?
La cerise sur le gâteau, c’est que service est actuellement dirigé administrativement et médicalement par un seul senior, en l’occurrence son chef, de garde quotidiennement à gérer un vrai champ de bataille interminable. Mais pour combien de temps encore Monsieur le ministre?
Ici, on paye très cher son amour pour la patrie, parce que supporter tout ça en plus des agressions quasi quotidiennes en l’absence totale de sécurité dont la dernière remonte à 3 jours et où des nouveaux-nés ont risqué leur vie à cause d’un citoyen (je ne crois qu’il en soit un) irresponsable et on ose par populisme justifier son acte.
Quand ce même chef envoie des lettres de cris de détresse sans réponse ni retour, pire elle a du trouver elle même des noms de médecins spécialistes pour effectuer leur année civile dans son service et que l’un des deux est affecté ailleurs en connaissance de cause, comment peut-on appeler ça? Nonchalance, incompétence, indifférence, trop c’est trop!!!
Une question monsieur à laquelle j’espère une réponse adéquate, réaliste et pratique: pourquoi devrait-on subir ça? je vous entends me dire rien et qu’on peut quitter le navire et ben on appelle ça la non reconnaissance. Sinon la seule explication plausible, c’est de nous pousser et directement à la porte.
Non monsieur le ministre, le combat continuera et votre devoir est d’être au centre de ce combat.
Sincères salutations d’un citoyen, d’un mari, d’un père de surcroît paramédical désespéré.
Elyes Ben Ayed