La scène de l’amphithéâtre romain de Carthage a été investie, lundi soir, d’une fureur incroyable. Le public comme hypnotisé, rentre dans le jeu des artistes du Gospel, cette musique née en Afrique puis emportée en Amérique du 18ème siècle sous l’appellation “negro spiritual”.
La soirée du 30 juillet a été assurée par “Gospel pour 100 voix”, une formation artistique dotée d’une présence scénique, une énergie débordante et des mouvements de danse à couper le souffle.
Depuis le début de l’édition 2018 du Festival international de Carthage, jamais le public n’a été autant en harmonie avec la scène comme il l’a été lors ce show. Il s’est retrouvé dans une transe contagieuse qui rappelle celle de l’ambiance des spectacles de la “Hadhra” et de “Ziara”.
Une forte émotion se dégage de la voix de la chorale à travers des chants de différents interprètes qui animent les différents tableaux chorégraphiques. Des sonorités et un chant qui projettent l’âme dans les sensations les plus contradictoires, entre joie extrême et tristesse inexplicable.
Le show a fait immersion dans les origines de cette musique qui traduit la douleur des populations noires en esclavage, voulant se libérer à travers l’évangélisation. De la notion d’évangélisation et de liberté, d’un genre musical jadis souvent pratiqué au sein de l’église, s’est développé le gospel pour conquérir le monde. D’ailleurs le Gospel est la combinaison de deux mots “God, Spell”, ce qui signifie littéralement la parole de dieu.
A l’issue du spectacle, l’agence Tap a eu une rencontre avec les principaux artistes du show. Ils se sont confiés sur la véritable relation entre le gospel religieux et celui du show ainsi que le grand message que véhicule ce chant spirituel né de la souffrance humaine endurée par les esclaves.
Pour Jean Carpenter, la chanteuse et chef de chorale, il existe bien une différence entre le gospel en église de celui pratiqué dans ce show. Le premier se fait dans un cadre “assez intime et devant une communauté de gens alors que pour nous on essaye de se trouver un peu partout”.
Un gospel porteur d’une vision de show qui va de paire avec une certaine créativité dans les mouvements et les chorégraphies et des arrangements du même chant interprété en église. Le gospel véhiculait un message initial qui trouve ses origines dans les commandements religieux de “cet amour de dieu pour les êtres” et que cette américaine a qualifié d’un fort message d’espoir, d’amour et de salut”.
Sans pour autant être limité par cette notion serrée d’une musique qui tire sa légitimité du christianisme, elle prône un gospel qui “s’adresse à tous et touche tous les gens”.
Une explication partagée par Jean-baptiste Guyon, créateur, producteur et directeur artistique des 100 voix Gospel. Il présente “un show universel” qui se détache de l’unique aspect religieux pour adhérer à un univers plus ouvert d’une formation d’artistes issus de divers pays et confessions religieuses. “Chrétiens, musulmans, juifs et bouddhistes sont réunis autour de seul et unique message”.
“Comme toute autre musique religieuse ou sacrée, pour lui, le gospel dans ce show est aussi porteur d’un “message de tolérance, de paix, de fraternité et d’amour”.