La vague d’eau boueuse est toujours là jeudi, au quartier Essalem à Sijoumi. Elle envahit les locaux commerciaux, les petits ateliers et les maisons entassés dans ce quartier populaire, emportant et salissant sur son passage équipements et meubles. C’est ce qu’a constaté une journaliste de TAP.
Les habitants se sont retrouvés, ainsi, en quelques heures, sans abris, sans source de revenu et sans voitures pour certains d’entre eux, en raison des dégâts engendrés par la destruction, dans la soirée du mercredi 4 juillet, du canal principal approvisionnant le sud de la capitale en eau.
Cette destruction a été engendrée par l’intervention d’une société de travaux publics qui effectue des travaux dans le cadre du projet du Réseau Ferroviaire Rapide (RFR), selon la SONEDE.
Des dégâts énormes…
Les citoyens en désarroi sont débout devant leurs maisons ou rassemblés dans les ruelles du quartier sinistré où le petit atelier de réparation des électroménagers a été vidé de tout ce qu’il contenait. Tout a été emporté par l’eau, à l’exception d’un réfrigérateur, affirme son propriétaire.
Dans tous ses états, Mohamed, artisan de gypse, critique tout ce qui se passe dans le pays. Accompagné de sa femme en pleure, il montre les dégâts subis par son foyer affirmant qu’il n’a plus rien pour faire face à la vie.
De son côté, Ali (profession libérale) appelle les politiciens et le gouvernement à arrêter de tirer profit des malheurs des gens et à accorder davantage d’intérêt aux quartiers populaires marginalisés. “La Tunisie est pour tous et chacun a le droit à une vie digne et non à de vaines promesses”, affirme-t-il.
Pour sa part, Mahmoud Akermi, un autre habitant du quartier et père de 13 enfants, décrit les détails de la catastrophe, s’attardant sur la panique ressentie par tous les membres de la famille, en voyant l’eau envahir leur modeste maison.
Des équipes de la protection civile, plusieurs ministres, responsables régionaux et locaux se sont rendus sur les lieux, vers 2h00 du matin, fait-il savoir, ajoutant que des couvertures et des denrées alimentaires leur ont été offertes.
Un peu d’égards pour les quartiers populaires…
Khémais Hajri et sa famille se sont mobilisés pendant 15 heures (de mercredi 14h00 jusqu’à jeudi à 5h00 du matin) pour évacuer l’eau dans leur maison. Cette catastrophe a été à l’origine de la détérioration de tous mes biens, note ce libraire qui accuse les responsables de négligence.
“Ces responsables doivent accorder plus d’intérêt aux quartiers populaires, notamment à la propreté et à l’assainissement”, affirme-t-il.
Les mêmes remarques sont faites par d’autres habitants du quartier qui réclament une intervention rapide pour les dédommager dans les plus brefs délais, d’autant que plusieurs d’entre eux ont perdu leurs sources de revenus, selon leurs propos.
Une équipe de l’Agence de réhabilitation et de rénovation urbaine s’est rendue dans le quartier sinistré pour évaluer les dégâts en vue d’une étude sur l’épuration des eaux pluviales, au quartier et l’examen des moyens d’améliorer l’infrastructure, et achever les travaux de réparation.
En visite dans la zone, le gouverneur de Tunis, Chedly Bouallegue, a exprimé à l’agence TAP sa satisfaction de l’efficience des interventions.
Les opérations de secours et de sauvetage se sont poursuivies pour aspirer l’eau qui a envahi le quartier depuis mercredi, outre l’accélération des travaux de réparation menés par la SONEDE, a-t-il indiqué.
Conjuguer tous les efforts…
Concernant le soutien aux familles concernées par l’accident, le gouverneur a fait remarquer qu’une équipe d’assurance a été formée en collaboration avec le comité du quartier pour évaluer les dégâts survenus et la situation des habitants en vue de leur offrir le soutien nécessaire.
La municipalité de Tunis mène des travaux de maintenance en coopération avec le conseil régional, a-t-il ajouté relevant que la société des travaux public a promis d’intervenir pour améliorer l’état des routes endommagées.
Pour sa part, le ministère de l’Agriculture examinera, dans le cadre de la cellule de crise constituée depuis hier, les moyens de mettre à la disposition des habitants certains zones dépourvues d’eau potables dans les gouvernorats de Tunis et de Ben Arous, des citernes d’eau, a-t-il encore dit.
Dans une déclaration à TAP, le PDG de la SONEDE, Mosbah Helali, a affirmé que la société œuvre à répondre à toutes les besoins de ces régions en eau et à reprendre l’approvisionnement dans les plus brefs délais. Les travaux de réparation de la panne survenue, mercredi 4 juillet, sur le canal principal d’approvisionnement en eau de Tunis-Sud, ont démarré suite à l’achèvement des opérations d’évacuation des eaux et l’extraction de l’engin à l’origine de la panne et le diagnostic des dégâts engendrés au niveau de la conduite, d’après la compagnie.
Les travaux se poursuivront, sans arrêt, durant toute la période d’intervention et l’approvisionnement en eau reprendra progressivement à partir du vendredi 06 juillet à 14h, toujours selon la SONEDE.
Outre des quartiers relevant des gouvernorats de Tunis, Ben Arous et Nabeul, les perturbations dans l’approvisionnement concernent également la région de Jebel El Oust dans le gouvernorat de Zaghouan.