Les migrants tunisiens irréguliers en augmentation constante sur ” les routes de la mort “

Quelque 1.910 migrants tunisiens irréguliers sont arrivés par mer en Italie, depuis le début de cette année, selon des chiffres officiels, a déclaré jeudi à l’agence TAP, Myriam Chabbi, chargée de communication à l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).

Le nombre de ces migrants arrivés par voie maritime en Italie du 1er Janvier au 30 Avril 2018 est de 1.564 hommes, 39 femmes et 307 mineurs dont 293 non accompagnés, a-t-elle expliqué.

Le nombre de migrants tunisiens irréguliers est en augmentation constante, a déclaré à l’agence TAP, Moez Ghribi, géopolitique à l’institut tunisien des études stratégiques (ITES). Ce nombre a même augmenté durant le premier semestre de l’année 2018, a-t-il souligné.

La Tunisie est d’ailleurs classée première en 2018, avant l’Erythrée, en termes d’arrivées de migrants irréguliers par mer en Italie, d’après des données du Ministère de l’Intérieur italien. Elle avait été classée 8ème en 2016-2017.

Pour mieux comprendre les raisons qui poussent les jeunes Tunisiens, hommes, femmes et enfants à partir massivement de façon irrégulière vers l’Europe, et étudier ce phénomène, le gouvernement tunisien a développé, à travers l’ITES une première étude nationale sur la migration irrégulière (Al Harka, en dialecte tunisien).

Cette étude a montré que le nombre global des migrants irréguliers arrivés en Italie entre 2011 et 2017 est de 38.114, celui des migrants tunisiens arrêtés avant leur départ, pendant la même période est de 12.922, contre 3.533 étrangers.

La présente étude a tenté de comprendre les raisons qui poussent des jeunes et moins jeunes à prendre la mer et risquer leur vie pour fuir le pays : le chômage, le sentiment d’injustice, et l’abandon scolaire figurent en tête de liste.

Parmi les solutions proposées par ce document pour faire face à la migration irrégulière figurent l’appel à la création d’une structure commune chargée de la lutte contre ce phénomène, l’appui des régions défavorisées, la lutte contre le chômage des jeunes, l’élaboration de programmes de formation professionnelle afin d’aider les jeunes à créer leurs propres projets, et la sensibilisation des jeunes aux risques des routes de la mort de l’immigration clandestine.

3.800 migrants sont morts en Méditerranée en 2016, chiffre record, selon l’ONU.

Un appel a été, également, lancé à travers cette étude aux autorités officielles afin de mettre en place un instrument de coordination entre les structures sociales chargées de la migration. Cet instrument se charge de la collecte les données et élabore les politiques permettant de lutter contre la migration irrégulière.

En outre, l’étude a recommandé la création d’une structure pour l’identification des causes de la migration et leur traitement en mettant en place des programmes d’actions concrets.

L’étude nationale sur la migration irrégulière ” Al Harka “, réalisée par l’ITES, en coordination avec l’OIM, est le fruit d’une conférence réalisée en octobre 2017 qui a réuni plusieurs acteurs de la migration en Tunisie, dont des ministères tunisiens (intérieur, défense, éducation, enseignement supérieur), l’OIM et des ambassades de pays concernés (Italie et Allemagne).

Elle a été consacrée à l’analyse approfondie et l’examen des points relatifs à la migration des jeunes tunisiens particulièrement.

Elle s’est articulée autour de 4 sections qui visent à définir la migration ainsi que les principaux enjeux et défis pour contribuer à une compréhension du phénomène et renforcer les mécanismes de réponse et de coopération en matière de gestion des migrations.

Cette étude a été appuyée par un travail de terrain en effectuant des entretiens directifs avec une trentaine de jeunes du milieu rural du gouvernorat de Mahdia et 29 jeunes de la cité Ettadhamen et de Douar Hicher (milieu populaire du grand Tunis). D’autres méthodes ont été utilisées à savoir l’observation directe et l’analyse de documents.

Depuis la fin des années 1990, les migrations en Tunisie ont pris de nouvelles formes.

La Tunisie est ainsi devenue un pays de départ, de destination ainsi que de transit pour les migrants.

De nombreux Tunisiens, quittent chaque année la Tunisie pour tenter leur chance ailleurs, notamment dans les pays européens tels que l’Italie, la France, la Suisse, la Belgique ou l’Allemagne.

De nombreux candidats à la migration irrégulière quittent la Tunisie par la mer. Dans le cadre de leur parcours, ils font face à différents risques, s’exposent à des possibilités d’exploitation par des groupes criminels organisés, ou encore à des dangers de mort dans la Méditerranée.

Le phénomène de la migration irrégulière au départ de la Tunisie, touche de plus en plus de jeunes Tunisiens toutes régions confondues.