La Cinémathèque Tunisienne fête le 1er Mai et ses valeurs reprises par le Cinéma muet

La Cinémathèque Tunisienne a accueilli le mois de mai par une série de projections de films cultes, en hommage au cinéma muet, qui témoignent des valeurs du travail et racontent les débuts du combat pour les droits des travailleurs, et ce, dans le cadre de la Journée mondiale du travail, célébrée le 1er mai de chaque année.

Dans la soirée, la salle Omar Khlifi à la Cité de la Culture à Tunis a abrité un ciné-concert interprété par le groupe italien Yo Yo Mundi dont la musique a accompagné la projection du film culte “La Grève” du réalisateur russe Serguei MiKhailovich Eisenstein.

La musique a donné une nouvelle âme à ce film muet sorti en 1925 dans l’ex union soviétique qui offre des scènes de la vie quotidienne des travailleurs en cette époque marquée par les guerres et les ravages de la famine en Europe.

Yo Yo Mundi a joué des partitions aux notes rock-folk qui avaient merveilleusement mis en musique ce film russe et habillé les images muettes des débuts du 7ème art. Ce groupe mène un parcours musical fait de paroles engagées qui versent dans le combat folk et la chanson d’auteur.

Il est connu pour ses multiples collaborations dans diverses formes d’expression artistiques en habillant les projections cinématographiques, les représentations théâtrales ou même des textes de la Littérature.

Se situant dans un genre artistique apparu au début des années 90, ce ciné-concert a offert aux spectateurs une relecture d’une œuvre culte du 7ème art muet et une écriture musicale revisitée où la rythmique et la sonorité s’imposent comme de nouveaux éléments esthétiques.

D’une durée de 78 mn, “La Grève”, film muet en noir et blanc revisite l’année 1912 sous le régime tsariste dans l’Empire russe, à l’époque. Des conditions de travail épouvantables et la pendaison d’un de leur collègue désespéré après avoir accusé à tort de vol, poussaient les travailleurs à entamer une grève qui sera réprimée par l’armée d’une façon sanguinaire.

L’intitulé du film “La Grève” renvoie à la symbolique de la grève comme un mouvement qui avait institué depuis le 19ème siècle la mise en place progressive des droits des travailleurs à travers le monde en usant de la pression qui s’exerce dans un cadre syndical qui protège les salariés de l’exploitation et la cupidité d’un capitalisme ravageur.

Les valeurs portées par ce film sont toujours d’actualité. A rappeler que cette œuvre du cinéma russe a eu droit à une version restaurée réalisée en 1969 avec des extraits des 5èmes et 6 ème symphonies du compositeur Shostakovitch (1906-1975) dont la musique est connue par cet aspect dramatique exacerbé.

La journée du lundi 1er mai avait auparavant commencé par la projection du célèbre chef-d’œuvre du cinéma muet, “Les Temps Modernes” (Modern Times) de Charlie Chaplin qui constituait le dernier film muet dans lequel il jouait le rôle de Charlot. Dans cette comédie de 87 mn sortie en 1936, Charlot est en lutte contre le chômage et les conditions de vie en Occident marqués par les méfaits de l’industrialisation sur les individus et la société en général.

Le film allemand “Metropolis” écrit et réalisé par l’Autrichien Fritz Lang, une œuvre cinématographique datant de 1927 a été projeté dans l’après-midi dans une version colorisée réalisée par Giogio Moroder en 1984. D’une durée de 145 mn, ce film muet en noir et blanc est du genre de Science fiction qui était sorti la même année, simultanément en Allemagne (janvier), en France (février) et aux Etats Unis d’Amériques (mars). Une version restaurée a été réalisée en 2010 et sortie en France au mois d’octobre 2011.

Dans cette fiction futuriste fascinante et douloureuse, le réalisateur fait un saut dans le temps pour situer ses personnages autour de l’an 2026 à la mégapole de Metropoli marquée par une société divisée en deux entre classes aisées et dirigeantes et autres opprimées et dans le déni.

Ce cycle de projections intitulé “Le monde du travail dans le cinéma muet”, est une initiative de la Cinémathèque Tunisienne dirigée par le réalisateur Hichem Ben Ammar et Mohamed Challouf, conseiller artistique à la Cinémathèque, en partenariat avec l’Institut Culturel Italien à Tunis.