“La semaine dernière, j’ai été victime de harcèlement sexuel, en plein jour, devant ma résidence alors que j’attendais un taxi pour me rendre à mon université. Personne autour de moi n’a réagi devant cette scène, pas même les policiers”, a témoigné une jeune étudiante subsaharienne inscrite à l’Université Libre de Tunis (ULT), lors d’un débat sur la loi contre les discriminations raciales tenu, mercredi, au siège de l’ULT.
“La communauté africaine est exposée quotidiennement à des actes racistes. Nous avons toujours peur de nous sentir agressés et frustrés dehors. Comment cette loi pourrait protéger nos droits et changer les mentalités tunisiennes?”, a-t-elle ajouté en s’adressant au ministre chargé des relations avec les instances constitutionnelles et la société civile, Mehdi Ben Gharbia.
Réagissant à ce témoignage, le ministre a déclaré que ce projet de loi sur la lutte contre la discrimination raciale qui est, actuellement, sous la loupe de la commission parlementaire des droits et des libertés permettra enfin d’incriminer de tels actes, soulignant que la Tunisie n’a jamais été un pays raciste dans ses lois.
“Premier pays africain à avoir aboli l’esclavage, la Tunisie n’a jamais disposé de lois ségrégationnistes”, a-t-il insisté, estimant que le racisme en Tunisie demeure une question de mentalités qu’il faut combattre grâce, notamment, à l’éducation parentale et scolaire.
Jamila Ksiksi, députée à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) a indiqué, lors de ce débat organisé par l’Association Tunisienne de Soutien aux Minorités à l’occasion de la célébration de la journée internationale
pour l’élimination de la discrimination raciale, que cette loi va enfin combler le vide juridique existant en matière de racisme, précisant que cela va permettre aux victimes d’avoir enfin gain de cause.
En vertu de ce texte, a-t-elle dit, une commission nationale de lutte contre la discrimination raciale sera créée, faisant savoir qu’elle aura pour mission de proposer les politiques, les stratégies et les programmes d’action au niveau national pour lutter contre ce phénomène.
Et de souligner que ce texte est une loi intégrale qui prévoit la prévention, la protection et les sanctions, soulignant que la commission parlementaire des droits et des libertés milite pour améliorer les conditions d’accueil et de séjour de la communauté africaine en Tunisie.
Adopté le 17 janvier dernier en conseil des ministres, ce projet de loi comporte 11 articles. En vertu de ce texte, l’Etat s’engage à mettre en place des politiques publiques et des stratégies nationales à même de lutter contre toutes les formes de discrimination raciale dans tous les secteurs et de proposer des programmes de sensibilisation et de formation. Il s’agit également, d’apporter toute la prise en charge psychologique et sociale nécessaire aux victimes.