En ce dimanche 18 mars 2018, pour les visiteurs du Musée du Bardo à Tunis, les images sanglantes de cette journée du mercredi 18 mars 2015 n’est qu’un lointain souvenir. Des foules d’écoliers et de touristes tenaient la queue, attendant leur tour avant de passer par la fouille sécuritaire installée à l’entrée principale du musée.
Dans le hall principal du Musée, devenu un symbole de solidarité universelle contre le terrorisme, la commémoration de la date du 18 mars a été célébrée dimanche vers midi en présence des neuf ambassadeurs des pays dont des ressortissants ont trouvé la mort dans l’attentat terroriste ayant ciblé le musée, trois ans auparavant. L’attentat du Bardo avait fait 21 victimes parmi les touristes issus de neuf pays, à savoir 4 italiens, 4 français, 3 japonais, 3 polonais, 2 colombiens, 2 espagnols, 1 britannique, 1 russe et 1 belge. Le Tunisien Aymen Morjane, agent des forces spéciales de la Brigade antiterroriste, avait également trouvé la mort en ce jour tragique.
Tour à tour, chacun des diplomates présents a déposé une gerbe de fleurs devant la plaque commémorative sur laquelle sont inscrits les noms des personnes ayant perdu la vie et leur pays d’origine. Un moment de silence magistral a été observé avec cette émotion, toujours palpable, chez les diplomates présents au recueillement.
A l’issue de la cérémonie de commémoration, l’agence TAP a recueilli des témoignages de personnes présentes. Moncef Ben Moussa qui, à l’époque de l’attentat, dirigeait le Musée du Bardo, a parlé d’une “journée symbolique pour le Musée du Bardo où tout le monde a été mobilisé, faisant de la culture une arme pour défier le phénomène du terrorisme”.
“Aujourd’hui, ce lieu est la preuve que la vie continue depuis la date du 18 mars 2015 qui n’est qu’un souvenir, douloureux certes, mais que l’on doit continuer à commémorer, pour ne pas oublier”, a estimé l’ancien conservateur du musée qui occupe actuellement le poste de directeur de la Division du développement muséographique à l’Institut National du Patrimoine (INP).
Même si pour beaucoup de personnes la plaie ne guérit toujours pas, “ce 18 mars est un jour de mémoire où pour la première fois tous les pays qui ont été frappés par l’attentat ont souhaité se réunir pour dire leur émotion pour les victimes et les familles des blessés de l’attentat du Bardo”, comme l’a déclaré Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur français à Tunis.
Pour l’ensemble des pays réunis, cette journée de commémoration est aussi “une manière de dire que trois ans après, nous avons vaincu le terrorisme, vous avez vaincu le terrorisme, nous avons tous vaincu le terrorisme”, a encore dit le diplomate français. Et d’ajouter, “c’est un bel exemple, quand la globalisation est capable d’être unie autour de cette même cause de la paix, en Tunisie particulièrement, exprimant sa “fierté de servir dans ce pays”.
Ses pensées vont aussi aux autres victimes des attentats, que se soit en Tunisie, en France ou partout ailleurs dans le monde, disant que la Tunisie “est désormais un pays sûr” et saluant “le travail extraordinaire des forces de sécurité et de défense, accompli parfois au péril de leur vie”.
Pour Raimondo De Cardona, ambassadeur d’Italie à Tunis dont le pays a “eu quatre morts et 11 blessés à l’attentat du Bardo, aujourd’hui comme chaque 18 mars, est une journée de deuil pour nous à la mémoire de ceux qui ont été à cette journée dramatique”. Il a à son tour rappelé ” le travail extraordinaire des forces de sécurité tunisiennes, au niveau de la prévention, faisant en sorte que l’année 2015 ne se reproduise jamais”.
Le diplomate italien a aussi relevé “la grande symbolique de l’exposition”, -intitulée “Antiquités d’Afrique au Musée des Offices” (Antichità d’Africa Agli Uffizi)-, dont le vernissage aura lieu, ce soir, au musée du Bardo et qui coïncide avec la date du 18 mars. L’ambassadeur a parlé d’une exposition composée d’une collection d’antiquités sur l’histoire ancienne de la Tunisie, carthaginoise et romaine, qu’abrite le musée des Offices de Florence et dont la tenue devra renforcer davantage les liens entre la Tunisie et l’Italie où l’ “on pense au passé mais on regarde vers l’avenir”.
Juste avant le vernissage, le Musée du Bardo accueillera ce soir un concert d’inauguration qui sera donné à partir de 18h par le Quartette TAAG (violon, alto et violoncelle), formé de jeunes musiciens italiens de la “Scuola Musica Fiesole”, avec la participation de la Soprano tunisienne, Yosra Abid.