Sous le signe ” Cru, Brutal et poignant “, la 18ème édition du festival du ” Cinéma de la Paix ? ” qui se tient du 13 mars au 18 mars 2018 à la salle Rio s’est ouverte officiellement, mardi soir , avec la projection du film documentaire ” Le goût du ciment ” (Taste of cement) du réalisateur syrien Ziad Kalthoum.
A la fois cru, brutal et poignant, le documentaire ” Le goût du ciment ” retrace la vie quotidienne des réfugiés syriens travaillant dans le bâtiment au Liban. Fuyant la guerre dans leur pays, les ouvriers syriens se retrouvent emprisonnés dans leurs lieux du travail : un chantier de construction d’un gratte-ciel.
Coincés dans le site en raison du couvre-feu imposé par le gouvernement libanais dès 19H00, les ouvriers se tassent le soir dans le sous-sol de l’immeuble avec comme seul lien avec l’extérieur, le trou par lequel chaque matin ils sortent pour aller travailler. Avec comme seule voix celle du témoignage d’un jeune réfugié syrien, la tragédie du peuple syrien se met en scène d’une manière cruelle et brutale.
Avec des grands plans sur le chantier, la fabrication du ciment, focalisant sur le regard perdu et angoissé des ouvriers, le réalisateur Ziad Kalthoum s’interroge sur la dignité humaine.
La caméra du réalisateur mime d’une manière poétique la voix du narrateur (le jeune réfugié syrien), ses angoisses, ses cauchemars et ses rêves. Les bruits du marteau piqueur, du mouvement de la grue et des images du chantier se superposent aux bruits des balles, aux mouvements du canon d’un char blindé entrain de bombarder des quartiers en Syrie.
La force du documentaire réside ainsi sur cette esthétique du chaos, de la destruction et du vide qui se dessine à la fois dans le chantier à ciel ouvert d’un gratte-ciel à Beyrouth et des images des atrocités d’une guerre absurde. Le film d’une durée d’1h25 se déroule sans musique hormis les bruits du chantier, de la guerre, ou le son des vagues de la mer que le réfugié-narrateur se remémore chaque fois où il se trouve en haut du building entrain de contempler de loin la mer méditerranéenne.
” Le réalisateur syrien réfugié en Allemagne Ziad Kalthoum devrait être parmi nous pour cette projection ” a souligné le directeur du cinéma de la Paix ? et président du Ciné-Club de Tunis, Slim Ben Youssef, lors de son mot d’ouverture officielle du festival, en ajoutant que pour des ” raisons bureaucratiques “, Ziad Klathoum n’a pas pu bénéficier auprès de l’ambassade tunisienne en Allemagne du renouvellement de son visa tunisien qui a expiré le 12 mars 2018.