“Mon enfant ne pouvait pas me raconter ce qui lui arrivait et moi j’étais incapable de comprendre les raisons de sa colère excessive à chaque fois que je voulais l’emmener au centre des enfants autistes d’El Menzah 7”, s’est exprimée Malek Jerbi, une maman, d’une voix triste.
“Depuis deux ans, mon fils n’accepte plus d’aller au centre où il a déjà passé sept ans. Il lui est même arrivé de jeter son cartable par la fenêtre de la voiture, ou de cacher les clés du véhicule ou de refuser de mettre son tablier”, a-t-elle ajouté dans une déclaration à l’agence TAP en marge d’un sit-in observé par des parents d’enfants autistes mardi matin à la Place de la Kasbah à Tunis.
“Puisqu’il n’arrive pas à s’exprimer, il essayait de me faire comprendre qu’il a été violenté en se frappant parfois sur la tête, le visage ou le ventre, mais je n’avais pas imaginé qu’il serait victime d’actes de violence surtout que la directrice du centre ne cessait de nous avertir que le fait de le frapper pourrait le rendre plus violent”, a-t-elle regretté.
L’histoire de Saoussen Trablesi, une autre maman, ressemble beaucoup à celle de Malek Jerbi. Son enfant aussi est autiste. Il n’arrive pas à s’exprimer. Il est inscrit au même centre et a des traces bleues sur le corps.
Les deux mamans ont souligné leur détermination à poursuivre les responsables de ces actes de violence en justice dénonçant la non fermeture du centre et la poursuite de ses activités avec le même personnel qui travaillait avec l’ancienne directrice.
Pour sa part, l’avocate des familles des enfants autistes victimes de violence dans le centre d’El Menzah 7, Me. Donia Ben Osman a souligné que jusqu’à présent, il ne lui a pas été possible d’avoir une copie du dossier de cette affaire qui est actuellement entre les mains de la brigade de lutte contre la criminalité à Ben Arous, indiquant que la directrice du centre a été libérée après moins de 48 heures de son arrestation alors qu’elle est la responsable juridique de l’établissement.
L’intervenante a estimé que la majorité des centres d’enfants autistes ne sont pas contrôlés et malheureusement leurs responsables en profitent pour gagner le maximum d’argent puisque les frais de scolarisation mensuels s’élèvent à 1000 dinars pour chaque enfant et ce, en l’absence totale du rôle de l’Etat dans le contrôle et la prise en charge.
Dans ce contexte, elle a fait remarquer que la caisse nationale d’assurance maladie ne rembourse que les frais de trois séances d’orthophonie par semaine à raison de 4dinars 800 millimes alors qu’une seule séance coûte 35 dinars.
De son côté, Habib Dabbabi, un parent dont le fils a aussi été victime de violence a souligné qu’il a refusé l’appel du délégué de la protection de l’enfance de réintégrer son enfant au centre d’El Menzah 7 géré par le même personnel soulignant la nécessité de placer cet établissement sous la tutelle du ministère des affaires sociales.
Lors du sit-in, les parents des enfants autistes ont appelé le gouvernement à trouver une solution radicale à la situation de leurs enfants et à leur garantir leurs droits à la santé et à l’enseignement ainsi qu’à la prise en charge des frais de leur traitement.
Ils ont aussi mis l’accent sur l’importance de renforcer les compétences des ressources humaines chargées de l’encadrement de ces enfants et de créer un centre de recherches pour réfléchir à des projets visant l’intégration de ces enfants dont le nombre est estimé à 200 mille selon des spécialistes.
A rappeler qu’une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux il y’a une dizaine de jours avait montré des enfants autistes en train d’être violentés au centre des enfants autistes d’El Menzah 7. Quatre personnes ont été arrêtées dans cette affaire pour torture et maltraitance de mineurs et ont comparu, mercredi 21 février, devant le juge d’instruction du troisième bureau du tribunal de première instance de l’Ariana.