Des représentants d’associations et d’organisations actives dans le domaine éducatif en Tunisie ont exprimé, samedi, leurs préoccupations et leurs craintes des répercussions négatives de la décision prise par la fédération générale de l’enseignement secondaire, relevant de l’union générale tunisienne du travail, relative à la retenue des notes des collégiens et des lycéens au titre du premier semestre et ce dans le but de faire pression sur l’autorité de tutelle afin qu’elle satisfasse certaines revendications dont, en particulier, l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des enseignants et la réforme du système éducatif.
Ces associations représentant les élèves, les parents et les éducateurs ont appelé à placer l’intérêt des enfants au dessus de toute autre considération et de retourner à la table des négociations afin de résoudre les problèmes en suspens et surmonter les différends en vue déviter toute décision de nature à porter atteinte à l’intérêt et à l’avenir de l’élève ainsi qu’à la famille tunisienne et qui se répercutera, négativement, sur l’ensemble du système éducatif.
Le président de l’Association nationale des parents et éducateurs, Mustapha Ferchichi a, dans une déclaration à la TAP, appelé la fédération générale de l’enseignement secondaire à faire prévaloir la raison, à faire preuve d’un sens de responsabilité et à privilégier le dialogue pour surmonter les problèmes car il demeure, selon lui, le meilleur moyen pour discuter des propositions appropriées et faire d’éventuelles concessions de manière à répondre aux revendications des enseignants tout en prenant en considération les moyens de l’Etat.
Selon lui, les parents et les élèves payent, aujourd’hui, la facture du différend qui oppose le ministère de l’Education au Syndicat de l’enseignement secondaire eu égard aux répercussions qui en découlent du fait de la perturbation des cours (lors de la grève des enseignants) et de la privation des élèves d’une évaluation de leurs efforts (à travers la retenue des notes du premier semestre). La plupart des membres de son association parmi des enseignants qui sont, aussi, a-t-il dit, des parents ne soutiennent pas cette décision et refusent toute initiative de nature à porter préjudice à l’intérêt des élèves et ce malgré qu’ils appuient les revendications de leurs syndicats.
De son côté, le président de l’association tunisienne des parents et élèves, Ridha Zahrouni a déclaré à la TAP au sujet de la décision relative à la retenue des notes que ce n’est pas la première fois que les élèves sont placés entre le marteau et l’enclume et ne trouvent personne pour défendre leurs intérêts bien que le droit à l’éducation est un droit constitutionnel et s’inscrit dans le cadre des droits de l’enfant.
La grève, la retenue des notes et la menace d’une année blanche ne contribuent, aucunement, selon lui à trouver des solutions, ajoutant que toute mesure de protestation qui affecte l’intérêt de l’élève contribuera directement ou indirectement à la détérioration du niveau de l’enseignement en Tunisie à l’heure où le pays cherche à gagner la bataille de la croissance économique et de la justice sociale.
L’orateur a appelé la présidence de la République, la présidence du gouvernement et la direction de l’UGTT à intervenir immédiatement pour résoudre ce dossier afin d’éviter toute escalade dont les conséquences seraient néfastes sur les élèves et leurs familles.
Pour sa part, le président de l’association nationale de la coalition civile pour la réforme du système éducatif, Mohamed Ben Fatma a déploré la décision de retenir les notes du premier semestre qui aura, selon lui, des répercussions négatives sur les élèves.
En application de la décision de la commission administrative de l’enseignement secondaire (réunie les 10 et 11 janvier 2018) de ne pas remettre à l’administration les notes du premier semestre, la fédération générale de l’enseignement secondaire avait appelé, le 3 février 2018, les enseignants des collèges et lycées à corriger toutes les épreuves et les devoirs et de remettre les notes, uniquement, aux élèves.
Cette décision a suscité le mécontentement des familles qui estiment que cette mesure empêchera leurs enfants de connaître leurs moyennes du premier semestre.
Le ministre de l’éducation avait qualifié cette décision d’illégale, appelant la fédération générale de l’enseignement secondaire à la table du dialogue et réitérant la disposition de son département à examiner les revendications des enseignants qui relèvent du champ d’action du ministère, avouant ne pas pouvoir répondre aux doléances qui ont des incidences financières.
Les enseignants du secondaire avaient observé, jeudi dernier, une grève générale que le secrétaire général de la fédération générale de l’enseignement secondaire avait qualifié de “réussie”.