“Nous sommes déterminés en Tunisie, à faire réussir notre expérience, aux plans politique et économique”, a soutenu le chef du gouvernement, Youssef Chahed, mardi, à Marrakech, soulignant que le gouvernement comptera, pour cela, sur ses propres moyens financiers et sur le soutien de ses partenaires stratégiques.
Intervenant à l’ouverture de la conférence “Opportunités pour tous: croissance, emploi et inclusion dans le monde arabe”, organisée à l’initiative du FMI, du FMA, du FADES et du Gouvernement marocain, Chahed a passé en revue les principales réformes engagées en Tunisie, ces dernières années, afin de réussir la transition politique et économique.
“La Tunisie a réussi sa transition politique, en jetant les bases d’un pays démocratique, comme en témoigne son classement, comme étant le seul pays “libre” du monde arabe”, (rapport 2018 sur la liberté dans le monde, publié par l’ONG américaine Freedom House), a-t-il rappelé, tout en convenant que la Tunisie souffre encore, de difficultés économiques, à cause du dysfonctionnement des moteurs de croissance”.
“Afin de surmonter ces difficultés, la Tunisie a mis en place une série de réformes portant sur les finances publiques, l’amélioration du climat des affaires, l’impulsion de l’investissement, et aussi, la mise en place de programmes sociaux, à même d’améliorer le bien-être des citoyens”, a-t-il affirmé.
Parmi ces programmes, Chahed a évoqué le projet de loi relatif à la sécurité sociale, qui vient d’être déposé à l’Assemblée de Représentants du Peuple (ARP), dont les principaux objectifs sont d’assurer un revenu stable aux familles nécessiteuses, une couverture sociale et de santé à l’ensemble des habitants et un logement pour chaque famille.
Il a, de même, fait savoir que notre pays oeuvre à assurer un climat sécuritaire adéquat, à améliorer le climat des affaires et à veiller à multiplier les opportunités d’emploi destinées aux jeunes.
Enfin, le chef du gouvernement a souligné que “la croissance économique est un critère important pour mesurer le développement d’un pays, mais qu’il n’est plus suffisant, dans la mesure où la prospérité d’un peuple s’impose aujourd’hui comme un pilier indispensable pour assurer la stabilité sociale, et partant économique et politique dans la région arabe”.
Dans l’allocution prononcée à cette occasion, le chef du gouvernement marocain, Saadeddine El Othmani, a relevé l’impératif de mettre en place des solutions immédiates et des programmes d’urgence, afin de satisfaire, les attentes et les aspirations des peuples arabes, qui sont dans une situation délicate marquée par des changements socio-politiques. L’objectif étant de garantir l’impulsion de la croissance économique, tout en assurant une justice sociale, de manière à réduire “la frustration de nos peuples”.”Nous devons revoir nos leviers de développement et oeuvrer à les rendre plus innovants et plus compétitifs, et ce, en collaborant étroitement avec les différentes organisations internationales et régionales”, a préconisé El Othmani.
Pour sa part, la directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), Christine Lagarde, a appelé à tirer profit de tout le potentiel de la région, pour assurer le développement socio-économique des pays, à travers notamment l’autonomisation des femmes et le soutien des jeunes promoteurs.
Elle a recommandé, en parallèle, d’améliorer le climat des affaires, d’impulser le secteur des TIC, de faciliter l’accès des PME au financement, de soutenir le secteur privé, de régulariser la politique de la taxation (élargir l’assiette fiscale) et d’améliorer l’infrastructure.
De son côté, le Directeur Général Président du Conseil d’Administration du Fonds Monétaire Arabe (FMA), Abdulrahman Al Hamidy, a mis l’accent sur l’impératif de diversifier nos économies, à travers la création de hubs pour l’innovation, d’encourager la créativité et l’esprit entrepreunerial.
“Près de 50% de nos populations ont moins de 25 ans, c’est un atout que nous devons l’exploiter. Nous devons offrir à cette population jeune, l’opportunité de s’accomplir, en leur facilitant l’accès au financement pour créer leurs propres projets, lesquels constitueront l’un des moteurs de croissance”.
Dans ce cadre, il a indiqué que près de 17 millions de petits projets dans la région sont bloqués à cause de manque de financement, recommandant d’assurer l’autonomisation des femmes. Il a, à ce propos, noté qu’uniquement 17% de la gente féminine arabe accèdent au financement, alors que la moyenne mondiale est aux alentours de 47%.