Des acteurs de la société civile tunisienne en Ile-de-France et des militants politiques organiseront, dimanche 14 janvier, un rassemblement à Paris pour dénoncer la corruption en Tunisie, “l’absence de réformes et de développement” et “l’incompétence des hommes politiques”.
A la veille de la célébration du 7e anniversaire de la révolution de décembre 2010/janvier 2011, et quelques jours après des manifestations, en Tunisie, contre la cherté de la vie, les Tunisiens établis en France s’inquiètent face à cette instabilité. La crise les préoccupe et les échos qui leur parviennent les laissent perplexes.
Des acteurs de la société civile et des partis politiques se sont réunis le 10 janvier 2018 à Paris pour discuter de la situation en Tunisie. Ils estiment que “les revendications de la jeunesse tunisienne et des catégories populaires sont légitimes”. Ils appellent les décideurs à “surseoir à l’application de la loi de finances et à annuler les augmentions excessives prévues et ou intervenues”.
Ils considèrent que la crise par laquelle passe la Tunisie en ce moment “s’est accentuée par le développement d’une économie informelle, la généralisation de la corruption à tous les niveaux des appareils de l’Etat, la prolifération du terrorisme, des réseaux mafieux et la contrebande organisée”.
Les réactions des Tunisiens en France par rapport aux manifestations contre la cherté de la vie convergent vers l’absence de politique de développement.
Le président de la Confédération des entreprises citoyennes pour la Tunisie Conect-France, Mounir Beltaifa, estime que les hommes politiques se focalisent actuellement sur des problèmes mineurs et non pas sur les conséquences de l’absence d’une vraie stratégie de réforme.
“Il faut entreprendre les réformes nécessaires”, exhorte l’économiste tout en notant que cette grogne “ne pourrait se calmer sans des mesures concrètes dans ce sens”.
“Il est vrai qu’il s’agit d’un grand chantier qui nécessite beaucoup de moyens, il reste toutefois indispensable”, a déclaré, à l’agence TAP, le président de Conect-France qui indique que la colère du peuple face à la cherté de la vie “est prévisible”.
Et d’ajouter : “Elle ne peut pas se calmer car aucune mesure n’a été prise pour résoudre les problèmes économiques ou encore pour stopper l’inflation ou la dégringolade du dinar tunisien face à l’euro et au dollar”. Beltaifa estime que les réactions des manifestants sont légitimes d’autant plus que le pouvoir d’achat a baissé.
De son côté, Nissaf, une française d’origine tunisienne, ne cache pas son inquiétude et surtout son mécontentement par rapport aux décisions prises par le pouvoir en place. “Ces décisions sont trop austères pour le peuple”, a-t-elle déclaré. “L’économie est en berne, l’inflation est à son plus haut niveau, il faut une vision patriotique collective pour remédier à la situation”, a-t-elle ajouté.
Les réactions des Tunisiens en France s’enchaînent sur les réseaux sociaux.
Certains estiment que “la deuxième révolution n’aura pas lieu et que la presse étrangère risque d’induire en erreur l’opinion publique et ruiner les efforts déployés lors des dernières années”.
D’autres proposent des solutions et appellent la communauté tunisienne en France à soutenir la Tunisie.