“Pour moi chaque parcelle de notre histoire doit être décortiquée pour en comprendre les ressorts, afin de mieux aborder l’avenir” c’est ainsi que Selma Mabrouk ancienne députée à l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) présente son ouvrage “2011-2014, Le Bras de fer ” dans un résumé publié à l’occasion de la parution de son livre de 685 pages publié aux éditions Arabesques.
Composé de 12 chapitres, le livre “2011-2014, Le Bras de fer” de Selma Mabrouk se veut, selon l’auteure, un témoignage sur la période de transition “2011-2014”, une période cruciale dans l’histoire contemporaine de la Tunisie, celle de l’élaboration de la nouvelle Constitution.
Il s’agit aussi de donner, avance l’auteure, une lecture des événements qui vise, selon elle, à mettre en évidence les influences réciproques entre “la rue” et “la coupole” ainsi que les différents mécanismes dont les dénominations sont devenues une part familière du lexique politico-médiatique tel que “l’alliance” ou “la coalition partisane”, le rapport entre “opposition” et “majorité parlementaire”, les différents “dialogues nationaux” et la quête du “fameux consensus ” qui a enfanté en fin de course la Constitution de la deuxième république. Le but de cet ouvrage, a-t-elle relevé, est d’apporter quelques éclaircissements et de contribuer un tant soit peu à l’analyse de la période 2011-2014.
Du premier chapitre “Révolution et première période transitoire” au quatrième chapitre “La fin de la légalité et la légitimité en mauvaise posture”, Selma Mabrouk relate ses débuts dans l’action citoyenne et politique dans le parti Ettakatol, sa rencontre avec Mustapha Ben Jaafar, la campagne électorale 2011 et son élection au sein de l’ANC comme représentante d’Ettakatol pour la circonscription de Ben Arous. L’ancienne députée évoque, dans ce sens, sa démission du parti le 10 octobre 2012, une démission qui vient marquer, selon elle, le sentiment de “désenchantement” face au dysfonctionnement de l’alliance au pouvoir et la volonté hégémonique du parti “Ennahdha” pour “l’islamisation de la société”, estime l’auteure.
Tout au long des chapitres évoquant la période (2011-2013), Selma Mabrouk aborde une approche alternant les débats au sein de l’ANC entre “opposition” et “majorité parlementaire” et les actualités animant “la rue tunisienne”. L’analyse se base sur les travaux des commissions dont elle était membre pour l’année 2012-2013 à savoir la commission d’enquête sur les événements du 9 avril 2012, la commission constitutionnelle des droits et des libertés, la commission des consensus constitutionnels, le comité de liaison avec le Dialogue National, et le comité de relation avec les citoyens et la société civile.
A partir du chapitre 5 “Le bras de fer s’engage” jusqu’au chapitre 9 “la Troika dos au mur”, l’ancienne députée décrit “le bras de fer” qui s’installe entre la Troika et le front démocrate qui se met en place et s’organise pour dénoncer la violence publique et le terrorisme. Le résultat, comme témoigne Selma Mabrouk, deux assassinats politiques, celui de Chokri Belaid le 6 février 2013 et de Mohamed Brahmi le 25 juillet 2013. Le “bras de fer” entre front démocratique et Troika se concrétise par le sit-in “Errahil” puis du début laborieux du dialogue national.
La Constitution de la deuxième République et la poursuite du combat pour le développement du pays sont les axes abordés dans les chapitres 10, 11 et 12, où l’ancienne députée relate la dernière ligne droite des travaux de l’ANC avec le vote de la nouvelle constitution tunisienne.
Au delà des doutes et des interrogations émises dans le dernier chapitre “l’épreuve continue”, l’auteure Selma Mabrouk conclue son ouvrage sur un ton optimiste en soulignant que “le pari suprême demeure “d’agir en pariant sur l’individu, clé de voute du développement.”