“L’Etat doit respecter ses obligations et répondre aux attentes des familles des personnes disparues dans le cadre de la migration non réglementaire, qui ont le droit de connaître le sort de leurs enfants “, a souligné vendredi Romdhane Ben Amor, membre du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).
Lors d’un point de presse tenu au siège du FTDES à Tunis à l’occasion de la célébration, le 18 décembre en cours, de la journée internationale des migrants, l’intervenant a souligné que le gouvernement tunisien doit afficher sa volonté politique pour activer les travaux de la Commission d’enquête et des missions d’accompagnement psychologique et social des familles de disparus.
” L’Etat doit respecter ses obligations constitutionnelles afin de garantir le respect des droits des Tunisiens – et en particulier des jeunes -par une élaboration urgente de plans de développement pour les différentes régions du pays “, a-t-il ajouté. Il a fait remarquer que ceci nécessite des mesures audacieuses dans la lutte contre la corruption, la réhabilitation de la gestion des installations publiques et le travail sur la révision des choix économiques et sociaux qui ont échoué afin de réussir une approche plus globale et ralentir le phénomène de la migration non réglementaire.
Il convient également de respecter les droits des migrants en Tunisie et de réduire les violations économiques, sociales et les atteintes racistes à leur encontre, en particulier à l’égard des femmes, note un communiqué publié par le FTDES à cette occasion.
La même source souligne la nécessité de fournir un terrain digne pour l’enterrement des corps de migrants qui accostent par la mer sur les côtes tunisiennes, tout en respectant les conditions permettant à leurs familles de récupérer leurs dépouilles après qu’ils aient été identifiés.
Le FTDES appelle, en outre, à stimuler le Conseil des Tunisiens à l’étranger avec une révision de sa composition en accord avec les observations des associations qui travaillent sur la migration.
Il souligne également la nécessité de promulguer un cadre juridique pour la migration et l’asile en Tunisie, conformément aux exigences de l’article 26 de la Constitution et des Conventions Internationales ratifiées par l’Etat tunisien et de signer les Conventions Internationales (OIT) (97 et 143) sur la protection des droits des travailleurs migrants ainsi que la Convention des Nations Unies (1990) relative à la protection des travailleurs migrants et de leurs familles, et de la Convention 189 de l’OIT sur les travailleurs et les travailleurs domestiques.
Le FTDES note aussi qu’il faut respecter le droit de libre circulation des personnes et appelle le gouvernement à être transparent lors des négociations avec l’UE et respecter le droit des citoyens à l’information.
” Il convient de rejeter les politiques européennes qui obligent la Tunisie à accepter les politiques d’immigration inégales de l’Europe en contrepartie de l’aide au développement et de geler la coopération en cours avec les pays européens visant à mettre un terme à la migration non réglementaire sans proposer d’alternatives concrètes promouvant et facilitant une migration réglementaire “, indique le communiqué.
Par ailleurs, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux appelle l’Assemblée des représentants du peuple à revoir toutes les lois relatives à l’immigration, notamment la loi du 3 février 2004, qui viole à plusieurs reprises les droits des migrants.
Il appelle l’ARP à adopter des lois garantissant les droits des migrants en Tunisie, quel que soit leur statut juridique et à accélérer l’adoption de la loi soumise par le FTDES ainsi que le Comité pour les Libertés et le Respect des Droits de l’Homme (CLRDH) et le Réseau euro-méditerranéen des Droits de l’Homme sur ” l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale “.
Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux appelle les pays européens à abandonner les approches sécuritaires dans la gestion du dossier de la migration conformément aux normes internationales et aux exigences de la politique de bon voisinage présumée. Le Forum affirme qu’un véritable partenariat nécessite le respect et l’activation du principe de la liberté de circulation.
Il appelle aussi à la dissolution de l’” Agence européenne des garde-côtes frontières” et à l’élaboration de politiques fondées sur le respect des droits fondamentaux, y compris ” le droit de toute personne de quitter tout pays, y compris le sien. ”
Le communiqué souligne la nécessité de garantir le droit de libre circulation des personnes et pas seulement des biens, des équipements, des flux financiers et des échanges commerciaux.
La politique de réinstallation forcée et de détention dans les centres d’hébergement, qui atteignent la dignité humaine, doit être immédiatement arrêtée, ajoute la même source.