“Les droits économiques et sociaux qui représentaient la force de la Tunisie avant la révolution sont, aujourd’hui, à leurs plus bas niveaux”, a souligné dimanche Abir Moussi, présidente du parti destourien libre (PDL).
Dans une déclaration à l’agence TAP en marge d’un cercle de discussion organisé à Tunis à l’initiative du parti sur “la loi de finances 2018 : droits économiques et sociaux en Tunisie : où allons-nous ?”, Abir Moussi a estimé que le pays est confronté à une catastrophe économique et sociale caractérisée par la baisse du pouvoir d’achat, la disparition de la classe moyenne qui représentait sous l’ancien régime 80% de la société, la baisse du taux de croissance économique, la hausse du taux d’inflation qui se situe actuellement à 5,8% et l’augmentation du TMM (taux du marché monétaire) à 5,25%, outre l’absence de l’épargne nationale et la hausse de l’endettement passant de 38% en 2010 à 75% actuellement, sachant que la dette extérieure représente à elle seule 70% de la dette générale, le déficit des caisses sociales et autres.
“On constate, aujourd’hui, que les voix qui s’élevaient pour défendre des droits de l’homme et qui estimaient que les droits économiques et sociaux n’ont aucune importance en l’absence de la démocratie et de la liberté d’expression se sont tues lorsqu’elles ont accédé au pouvoir ne parvenant pas à consacrer la démocratie ni les droits économiques et sociaux”, a-t-elle indiqué, faisant remarquer que la démocratie actuelle ressemble plutôt à un système anarchique.
“Le système politique actuel a prouvé son incompétence dans la création de la richesse et l’élaboration de stratégies nationales claires et a favorisé la propagation de la corruption et des lobbyings”, a-t-elle ajouté.
Abir Moussi a souligné que son parti appelle au changement du système politique afin qu’il soit plus puissant et afin que le pouvoir exécutif soit plus fort, tout en veillant à créer des mécanismes de contrôle et de protection de la démocratie et des libertés.
“Nous appelons, également, à l’amendement de la constitution qui comporte des articles menaçant la souveraineté de l’Etat ainsi que la révision du système électoral pour donner la place à l’émergence d’un parti fort et majoritaire capable de prendre les décisions et d’assumer ses responsabilités, outre l’amendement des décrets lois relatifs aux partis et aux associations”, a-t-elle signalé.
D’après Abir Moussi, les budgets de l’Etat sont réalisés de manière non étudiée et sans vision prospective, faisant remarquer que le budget de 2018, adopté, samedi, par l’assemblée des représentants du peuple, est une mobilisation de ressources à travers l’augmentation des impôts pour payer les dettes sans qu’il y’ait des programmes de développement.
S’exprimant lors du cercle de discussion, Salem Raouin, expert en finance et en économie a souligné l’absence d’une bonne gouvernance, d’une vision claire, d’une stratégie de développement et de compétence chez les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis la révolution à ce jour.
“Ils ont toujours adopté les solutions faciles en ayant recours à l’augmentation des taxes et des impôts qui ont alourdi les charges des citoyens déjà appauvris au lieu de réfléchir à la création des richesses et au renforcement des programmes de développement”, a-t-il estimé.
A noter que le cercle de discussion a été animé par des experts en économie et en finance. Outre la discussion du budget de l’Etat de 2018, les participants ont aussi débattu la stratégie nationale de l’emploi, qui d’après Abir Moussi, a aussi prouvé son échec.