L’inauguration d’une statue à la gloire de l’ancien président Habib Bourguiba, installée au carrefour de Bab Jebli au centre de la ville de Sfax, a été marquée samedi par une grande tension entre partisans et adversaires de cette initiative prise par la municipalité de la ville du sud avec le soutien d’hommes d’affaires de la région, rapporte le correspondant de l’agence TAP.
La cérémonie d’inauguration s’est déroulée au son de l’hymne nationale, dans une ambiance festive au milieu d’un imposant dispositif de sécurité, en présence des cadres de la région, notamment le gouverneur Adel Khabthani, le président de la délégation spéciale de la municipalité de Sfax Imed Sebri, de polititiciens invités, dont Taher Belkhouja, ancien ministre sous Bourguiba et Slah Ferchiou, ainsi que la fille de l’ex-leader Hajer Bourguiba, des figures de la famille destourienne et des partisans du régime bourguibien qui ont brandi des banderoles nationalistes et des photos de l’ex-chef de l’Etat.
Dans des déclarations à l’agence TAP, ces personnalités ont exprimé leur soutien à l’implantation d’une statue “en reconnaissance à Bourguiba père de l’indépendance de la Tunisie qui a investi dans l’enseignement, a libéré la femme et lui a conféré la place qu’elle occupe actuellement”.
L’inauguration a été accompagnée également par un mouvement de protestation et une certaine tension.
L’activiste civil et le porte-parole de la coordination du 12 janvier à Sfax, Mohamed Khalfi, a déclaré que les motivations des adversaires de l’implantation de la statue s’expliquent par “l’injustice dont a été victime la vielle Sfax avec l’autorisation accordée par Bourguiba pour l’installation des usines chimiques de la SIAP et de la NPK qui ont détruit la bande côtière de la région, devenue un exemple mondial de pollution et de contamination de ses habitants par la cancer”.
“En procédant à l’implantation de la statue de Bourguiba, le président de la délégation de la municipalité de Sfax exploite le nom d’une personnalité nationale pour servir des agendas politiques et partisans bien connus”, a-t-il estimé.
De son côté, l’activiste du parti Joumhouri, Zouheir Baati, a exprimé sa “frustration pour cette initiative provocatrice et humiliantes pour les martyrs de la révolution “, estimant que “les habitants de Sfax n’ont aucun bon souvenir de Bourguiba”.
Le gouverneur de Sfax, Adel Khabthani, a retorqué que “l’implantation d’une statue du leader Habib Bourguiba au centre de Sfax, malgré les divergences de vue sur sa personne, est une victoire de l’histoire et une occasion pour voir la ville de Sfax se réconcilier avec son histoire”.
Pour sa part, le président de la délégation spéciale, Imed Sebri, a indiqué n’avoir pas eu connaissance de la division à Sfax sur l’implantation de la statue de l’ancien président Habib Bourguiba et même du mouvement de protestation ayant accompagné la cérémonie.
“L’installation d’une statue de Bourguiba a pour but de faire connaître à la jeune génération les leaders du mouvement national et passer un message d’union de tous les Tunisiens”, a-t-il fait valoir.