L’Acropolium de Carthage, sur la colline de Byrsa, en banlieue nord de Tunis, a de nouveau abrité jeudi soir la cérémonie de remise du Trophée de la troisième édition du prix Aloes d’Or, instauré par l’association “Aloès ..Les amis de Hamadi Cherif”, qui été attribué à l’artiste pluridisciplinaire Alya Sellami.
Créé en 2015 en hommage au mécène d’art disparu Hamadi Cherif (1947-2014), ce prix lui a été remis par Mohamed Zine El Abidine, ministre des Affaires Culturelles qui a rappelé le riche parcours de la lauréate, depuis le début des années 2000, dans le chant lyrique et les arts cyniques.
Il a loué l’engagement de cette artiste qui après une résidence artistique à Paris avait regagné son pays pour se consacrer à la formation, la création et l’encadrement du chœur de l’Opéra de Tunis. Une mission qu’elle a accomplie avec brio, a-t-il soutenu.
Alya Sellami, a notamment loué la générosité de Hamadi Cherif qui l’avait accueillie à Dar Cherif à Djerba, pour la première de son concert Nafas.
Elle a rappelé que ce projet, créé en 2008, avait été présenté par les chanteurs issus de la formation des lyriques et cyniques créés par Mohamed Zine Abidine, alors ancien enseignant et directeur de l’Institut supérieur de musique de Tunis et qui selon elle, a formé des générations d’artistes complets en tablant sur la richesse de la Tunisie pluriculturelle.
Auparavant Aly Zenaidi, artiste-plasticien et ami proche de feu Hamadi Cherif avait présenté un tableau-portrait qu’il avait peint au 40eme jour du décès de son ami disparu. Il a parlé d’une amitié excellente qui l’avait liée à Hamadi Cherif, en début des années 80.
En ce 70ème anniversaire de la naissance de Hamadi Cherif, Zenaidi a évoqué le souvenir d’un homme amoureux de la Tunisie et de l’art qui avait mené une vie intense en tant que galeriste, collectionneur et fin connaisseur de l’art national, arabe, maghrébin et international.
Alya Sellami, enseignante de vocalise à l’université de Tunis, depuis 2006, est alors primée pour son parcours assez particulier qui s’inscrit dans les mêmes valeurs que prônait et défendait feu Cherif.
Hamma Hannachi, président de l’association Aloès et ami proche de feu Cherif, a présenté Alya Sellami, l’artiste qui mêle avec la même maîtrise le chant lyrique, le contemporain, le jazz et le chant arabe.
Musique contemporaine et improvisation sont les expressions les plus favorites de cette créatrice et interprète qui se produit dans des performances avec des artistes comme Silva Kassav, Mederic Collignon et Israel Galvan.
Sa tendance à se projeter dans des spectacles expérimentaux et pluridisciplinaires l’a conduit à se produire dans diverses manifestations culturelles entre la Tunisie et la France. Elle a eu surtout des concerts-performances à Marseille, Capitale culturelle d’Europe 2013 et dans trois éditions au Festival Dream City.
Sa passion pour l’art s’est aussi manifestée dans des compositions pour la danse, le théâtre et le cinéma. Parmi ses projets, elle a collaboré dans des œuvres comme “l’adieu de l’hôtesse arabe”, un CD de mélodies orientaliste paru en 2004, “Nafas”, un CD concert de chants sacrés du monde paru en 2010 et “La fiesta” d’Israël Galvan présenté au festival d’Avignon, Arte live 2017.
Le prix Aloes d’Or 2017 ne s’est pas éloigné des disciplines auparavant primées puisque Alya Sellami succède cette année à Soufiene et Selma Ouissi (frère et sœur), danseurs-créateurs et chefs de projets à Dream City, la biennale d’art contemporain, lauréats de l’édition 2016.
Mehdi Ben Cheick, créateur de Djerba Hood, était le lauréat de l’édition 2015 sachant que “la générosité de cet artiste l’avait mené à céder son trophée à Shoof, artiste de son écurie”, selon l’expression de Hannachi.
Cette soirée anniversaire a été animée par des artistes évoluant à l’international qui ont donné un concert jazz dirigé par Imed Alibi, percussionniste, directeur musical de l’association Aloes et ami de Hamadi Cherif. Il a été accompagné du jazzman français Michel Marre, Emma Lamadji, chanteuse autodidacte issue de la Centrafrique et Matia Levrero, guitariste, compositeur et arrangeur de France.
A l’issue de la remise du Trophée, une belle performance vocale a été improvisée par Alya Sellami en compagnie des autres artistes présents.
Pour Edith Guido, vice-présidente de l’association Aloès, Hamadi Chérif, ancien galeriste, propriétaire de Fine-Art à sa ville natale Sidi Bou Saïd, “avait marqué la scène culturelle de qui on garde l’image d’un mécène engagé”.
Elle a annoncé que l’œuvre de ce mécène engagé sera perpétuée dans de nouveaux projets prévus l’année prochaine à Djerba, regrettant que Dar Chérif soit toujours fermée, 4 ans depuis le départ de son créateur.
De son fervent soutien aux jeunes talents, est né Dar Cherif, un centre culturel à l’Ile de Djerba, au Sud tunisien, ayant ainsi favorisé les échanges entre artistes de tous bords.